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Le festival de la jeunesse orthodoxe est une rencontre annuelle au cours de laquelle les jeunes de toute la France partagent leur foi, mais aussi leurs doutes. Ces rencontres ne sont pas seulement intéressantes ou belles, mais aussi indispensables. C'est entre nous qu'on a le plus de courage de parler, de se demander, de protester, de ne pas comprendre. Ces étapes sont importantes dans notre développement personnel de jeunes chrétiens. Peut-être sommes-nous la génération qui a besoin d'être sûr plus que les autres, de raisonner, plus que de se laisser persuader, d'analyser plus que de sentimentaliser. Peut-être, mais cela ne nous éloigne en aucun cas du chemin chrétien. C'est peut-être un chemin différent du précédent, mais il est personnel et unique, comme la relation avec Dieu de chaque homme est personnel et unique. En ce moment, nous n'avons pas besoin de recettes, ni de conseils. En ce moment, nous avons besoin de réponses qui nous satisfassent.
Cette année, le rassemblement a eu lieu dans une abbaye près de Paris, à Dourdan. Nous avons commencé par une marche en forêt, de la gare à l'abbaye, qui symbolisait bien le chemin commun des chrétiens dans le monde entier. Nous avons partagé les repas, le sommeil, les chants, les discussions, le froid, le corps et le sang du Christ. Cela nous a aidé de comprendre que nous ne sommes vraiment pas assez différents pour nous séparer les uns des autres par des noms, par des portes, par des peurs. Et que nous ne sommes pas tout à fait pareils pour ne pas pouvoir nous enrichir les uns des autres, des cultures, langues, habitudes, coutumes multiples. En fin, nous n'étions réunis que pour Dieu, en Dieu et grâce à Dieu. Tout le reste pouvait en sortir. Et ce reste, c'était un monde entier soif de la parole.
Sous le vaste sujet "Bas les masques ! Homme, qui es tu ?", nous avons discuté de la bioéthique, de la liberté et l'obéissance, de la psychologie, et l'appel personnel de Dieu à chacun d'entre nous. Les échanges se sont faits dans le cadre d'ateliers en petits groupes. Il n'y avait pas de questions tabous, ni de mal à l'aise. Notre jeunesse est à la fois notre argument pour poser ces questions, et notre fierté de l'enthousiasme et de l'énergie. Il n'y que les jeunes qui peuvent à la fois tellement douter d'une manière cartésienne des choses évaluables, et tellement aimer sans limites et sans questions. Cette capacité illimitée de tolérance et d'amour qui est d'une ampleur exceptionnelle dans l'enfance et dans la jeunesse, nous a donné tous les droits de mettre en doute ce que nos aînés ont déjà accepté. Ces derniers nous ont offert leur savoir et leur expérience avec une générosité, une patience et une écoute sans bornes. Cela ne veut pas dire que nous ne finirons pas par l'accepter aussi, mais qu'il nous faut qu'on l'accepte nous-mêmes, qu'on le transmette par notre être pensant aussi bien que sentant. Notre foi sera à la fois unique, personnelle, propre seulement à nous, et universelle, commune, celle qu'on partage avec vous. Pour cela, il faut que nous nous connaissions, que nous discutions, que nous nous rencontrions.
Les jeunes nantais ont été attendus depuis longtemps parmi nos amis qui ont organisé ce festival pour la 7ème fois cette année. Ils n'étaient que deux cette fois-ci, mais on nous attend plus nombreux dans les années qui viennent. Nous ne croyons pas que vous n'avez pas de questions que vous avez envie de crier afin d'obtenir des réponses. Nous ne croyons pas que votre jeunesse n'est pas là, avec son énergie, sa force, ses capacités, sa raison, son esprit, ses caractéristique et les traces du 21ème siècle. Mais, n'oubliez pas que le Christ n'est pas ressuscité que pour les "droits", ou les "obéissants" ou les "expérimentés". Il ne l'est pas fait moins pour les "perdus", les "rebelles", les "thomas", les "jeunes" et donc tout ce que cette jeunesse porte. N'oubliez pas que Dieu n'a pas besoin de raisons pour nous aimer, contrairement aux hommes, mais s'il y en avait eu, cela aurait certainement été le courage de notre jeunesse de Le questionner, de Lui mettre les mains dans ses blessures, de Le réclamer entier, de se battre avec Lui. Cela ne signifie pas que nous ne Lui sommes pas fidèles. Au contraire, cela montre que notre communion avec Lui est la plus directe et la plus réelle, celle d'un Père et d'un Fils. Le Père et le Fils ne sont pas toujours d'accord, ne se comprennent pas toujours, ne sont pas toujours en paix, mais sont toujours le père et le fils l'un à l'autre, unis éternellement en Amour. Et cet amour compte plus que toute obéissance et le respect. Cet amour vous libère et vous permet tout.
Natasa Kz et Emmanuel Km