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+ BARTHOLOMAIOS
Par la grâce de Dieu archevêque de constantinople, nouvelle rome et patriarche
œcumenique à tout le plérome de l’église, que la grâce et la paix de notre sauveur et
Seigneur Jésus-Christ soient avec vous, ainsi que notre prière, bénédiction et pardon.
Frères et sœurs, fils et filles bien-aimés dans le Seigneur,
« Il est ouvert, le stade des vertus, y entrent ceux qui veulent s’exercer,
au combat du Carême préparez-vous » , ou, mieux encore, ce
stade se trouve de tout temps ouvert depuis le moment où le Seigneur
de Gloire Très-Miséricordieux a daigné assumer notre nature
humaine. Il appelle, dès lors, tout homme à prendre part aux dons
innombrables de la Grâce du Très Saint-Esprit et, tout particulièrement,
en ce temps béni du Saint et Grand Carême.
Enfants bien-aimés dans le Seigneur,
La bonté infinie, notre vrai Dieu que nous vénérons dans la Trinité,
a créé le genre humain par amour, et seulement par amour, afin de
faire en sorte, dans la mesure où cela est possible à la nature
humaine, que les hommes soient associés à la grandeur de sa Gloire
divine et y aient part. Tel est le but unique de la vie humaine en tout
temps. C’est à la réalisation de ce but que tend toute la Tradition de
notre Eglise Orthodoxe, sainte et porteuse de l’Esprit. Elle enseigne,
interprète, met en avant tout le prisme de la vie spirituelle, ainsi que
toutes les luttes spirituelles dans lesquelles tout fidèle doit s’engager
dans un état d’esprit valeureux.
Tout chrétien, par le saint mystère du baptême, reçoit la grâce du
Saint-Esprit. Si l’on se met, en toute bonne disposition, à aimer Dieu,
alors, d’une manière inexplicable, la Grâce fait participer à la richesse
de ses biens. Ainsi, celui qui désire conserver cette expérience de la
Grâce, s’efforce avec joie d’écouter avec son âme les biens du siècle
présent et de se rendre acquéreur du trésor caché de la vie véritable.
Selon le degré de succès auquel l’âme parvient en cette lutte spirituelle,
elle manifeste, en proportion, le don divin de la Grâce, à savoir
la bonté du Seigneur, cachée dans ses tréfonds. C’est cette bonté précisément
qui désire son guide infaillible dans sa lutte spirituelle
multiforme .
Cette lutte spirituelle est, pour tout fidèle, permanente. Cela rend
nécessaire de l’entreprendre comme un commencement, chaque
jour, à tout instant. « Voici venir le temps des combats spirituels, la
victoire sur les démons, la tempérance tout armée, l’angélique splendeur
et l’assurance auprès de Dieu. » Ainsi, le Saint Carême est
comme un commencement continu, une renaissance, une rénovation
spirituelle de l’homme. C’est la raison pour laquelle
l’hymnographie du Triode nous donne une orientation juste : le
jeûne du corps, dit-il, l’abstinence de nourriture, s’ils ne sont pas
accompagnés par la purification des passions et la lutte spirituelle,
ne procurent point d’amendement à nos vies. C’est pourquoi, ils sont
rejetés comme mensongers par Dieu .
Assurément, l’homme est en mesure de concentrer son esprit sur
l’effort de la connaissance de Dieu, le rassemblant. Ainsi la lutte
contre sa dispersion est une entreprise laborieuse, de longue haleine,
nécessaire toutefois et décisive quant à sa consistance spirituelle et à
l’ensemble de sa vie en société. Or, à ceux qui viennent de s’y engager,
la route de la vertu apparaît dure, douloureuse à l’excès. Ce n’est
pourtant pas parce que cette route serait telle en réalité mais bien
plutôt du fait que la nature humaine s’est accoutumée à la fréquentation
des plaisirs faciles. Ainsi, à ceux qui sont parvenus à dépasser
la moitié du chemin, cette route apparaît-elle agréable et facile .
Beaucoup, à diverses époques, dans leur ignorance du grand mystère
de la piété, considérèrent la Tradition ascétique Orthodoxe
comme pesante. Ils lui reprochent encore d’aboutir à priver l’homme
de son imagination créatrice, de son initiative originale, du plaisir de
la vie en général ainsi que de la joie qui en résulte. Rien n’est plus
mensonger que cela. Tout ce que Dieu a créé, Il l’a créé fort bon et
nous en a fait don afin que nous nous en réjouissions, que nous nous
en délections, que tout cela devienne raison de rendre gloire sans
discontinuer à notre Bienfaiteur. De plus, les commandements de
Dieu nous guident. Ils nous décrivent le juste usage que notre imagination,
que toutes les forces de notre âme, en harmonie avec tous
les biens matériels, deviennent des sources de joie en vérité, ainsi
que des bienfaits en faveur de la vie de l’homme. Tout au contraire,
leur usage égoïste, arbitraire, au mépris du but accordé par le Créateur
à ses créatures, satisfaisant momentanément l’égoïsme
déraisonnable de l’homme, aboutit toutefois à des résultats qui diffèrent
totalement de ses attentes. Un tel usage abusif conduit
l’homme au désarroi, à l’angoisse et au malheur.
Notre Sauveur, Celui qui est vrai Dieu et vrai homme, Celui qui se
fait connaître aux humbles, réceptifs à Sa Grâce incréée, le Seigneur
de gloire et Seigneur de l’Histoire, Celui qui sonde les cœurs et les
reins, Celui qui, de par sa Divine Providence, contient les univers,
depuis la particule la plus infime de Sa création jusqu’au Grand-Tout,
cet univers inconcevable à l’intellect humain, est, d’une manière diachronique,
le Chemin, la Vérité et la Vie . Celui qui, en sa personne
même, est la Vie, ne pourrait être retenu par la mort. Il l’a, tout au
contraire écrasé et Il est ressuscité. De la même manière, l’existence
est impossible d’une vie humaine qui puisse élever l’homme en
dignité, si cette vie ne fait pas partie prenante du corps vivifiant du
Christ ressuscité, à savoir son Eglise Orthodoxe et la Tradition de
celle-ci selon l’Esprit-Saint. Et, en un mot, le Seigneur demeure pour
l’éternité, alors que les inventions des hommes orgueilleux ne sont
que mensonges. Ou encore, comme le dit, fort à propos, Saint Diadoque
: « Rien n’est plus pauvre que l’intellect qui, sans Dieu, traite
en philosophe ce qui est de Dieu » .
Enfants bien-aimés dans le Seigneur,
En notre entrée dans le Saint et Grand Carême, nous vous exhortons
tous paternellement, sans céder, ni à la crainte, ni à la
nonchalance, d’avancer dans la période de l’année la plus importante
de votre vie, sur le stade spirituel, avec courage et de toutes les forces
de votre âme. Vous purifierez ainsi et vos âmes, et vos corps, de toute
impureté et parviendrez alors au Royaume de Dieu, lequel est offert
dès cette vie présente, à tous ceux qui le recherchent en toute sincérité
et du fond de leur âme.
Que la grâce de Dieu et son infinie miséricorde soient avec vous
tous.
Saint et Grand Carême 2011
+ Bartholomaios de Constantinople
Votre fervent intercesseur auprès de Dieu