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Le Patriarcat de Moscou et l’Église orthodoxe russe hors-frontières viennent de rétablir la communion eucharistique et, ce faisant, des relations canoniques. Cet acte permet de résorber une scission douloureuse qui existait entre ces deux Églises depuis quatre-vingts ans. Nous ne pouvons que nous réjouir de cet événement, qui concerne l’ensemble de l’Orthodoxie, car tout ce qui touche une partie du corps de l’Eglise du Christ concerne l’ensemble de l’Eglise.
Le retour de l’unité eucharistique entre le Patriarcat de Moscou et l’Eglise russe hors-frontières devrait permettre également à cette dernière de rétablir le lien canonique indispensable avec la plénitude de l’Orthodoxie universelle, et donc aussi avec notre entité ecclésiale, nous permettant ainsi dorénavant de communier ensemble au même Calice. Nombreux sont les clercs et les fidèles qui, tant dans l’Exarchat que dans les paroisses de l’Église russe hors-frontières, ici, en Europe occidentale, attendaient avec espoir ce moment et nous tenons à leur exprimer notre joie de voir cette attente se réaliser. Ainsi, s’ouvre l’opportunité d’établir de bonnes relations entre nous, pour le bien du peuple de Dieu, qui nous a été confié par le Seigneur, et pour l’intégrité du témoignage de la foi orthodoxe, là où le Seigneur nous a appelés à vivre les uns avec les autres.
En ce qui concerne notre Exarchat, il faut bien comprendre que sa situation est différente de celle dans laquelle se trouvait jusqu’à présent l’Eglise russe hors-frontières. Cette dernière s’était d’elle-même coupée du reste de l’Orthodoxie universelle depuis de nombreuses décennies, alors que conformément à l’enseignement des Saints Pères tout organisme ecclésial a besoin d’être en communion vivante avec l’ensemble de l’Eglise. Pour nous ce lien est assuré par notre statut au sein du Patriarcat de Constantinople, qui depuis plus de soixante-dix ans a permis à notre entité ecclésiale de vivre en toute autonomie et de la protéger des influences étrangères à l’Eglise.
Si les relations de notre Exarchat avec le Patriarcat de Moscou se sont trouvées coupées sur le plan administratif, dans des circonstances particulières au début des années 1930, la communion eucharistique avec le Patriarcat de Moscou n’a pas été rompue, grâce à notre rattachement canonique à l’Eglise de Constantinople, l’Eglise-mère de l’Eglise de Russie. Sous les différents successeurs du bienheureux fondateur de notre entité ecclésiale, le métropolite Euloge, de nombreux cas de concélébrations liturgiques entre clercs du Patriarcat de Moscou et de l’Exarchat sont attestés. En 1995, mon prédécesseur de bienheureuse mémoire, l’Archevêque Serge d’Eucarpie, a eu la joie de pouvoir concélébrer avec S.S. le Patriarche de Moscou Alexis II, en la cathédrale de la Dormition, au Kremlin de Moscou. Et depuis lors, malgré les difficultés qui ont pu parfois surgir dans nos relations avec le Patriarcat de Moscou, cette communion, grâce à Dieu, demeure intacte.
Il nous faut maintenant regarder ensemble vers l’avenir. Le rétablissement de la communion avec le Patriarcat de Moscou, et au-delà avec le reste de l’Église universelle, implique logiquement de la part de l’Église russe hors-frontières une adhésion au travail commun qui est fait, dans de nombreuses contrées, entre les évêques orthodoxes de différentes juridictions afin de témoigner ensemble de la foi orthodoxe et d’œuvrer, dans la coopération et la bonne entente, à l’édification et au salut des chrétiens orthodoxes qui vivent dans ces pays. Il existe déjà, depuis longtemps en France, plus récemment en Allemagne, une expérience de ce travail. Ce témoignage d’unité et d’amour doit conduire les orthodoxes de nos pays à agir ensemble en vue de l’édification d’une Eglise une, qui ne peut s’inscrire que dans une perspective locale, territoriale, au-delà des différences de nationalités ou d’origines ethniques, ce qui ne veut pas dire qu’ils abandonneraient leurs traditions liturgiques, leurs langues et leurs coutumes, ni leurs liens d’amour et d’affection pour leurs différentes Eglises-mères.
Nous devons tous redoubler de prières auprès du Seigneur notre Dieu, pour le renforcement de l’unité orthodoxe, l’affermissement du peuple de Dieu dans la foi et la piété, de sorte que, d’un même esprit et d’un même cœur, nous confessions tous la Divine Trinité, Source de Vie et de Sanctification. Car c’est bien, avant tout, dans la prière que nous devons, avec humilité, demander au Seigneur d’éclairer de nouveau nos relations réciproques de la lumière pleine de grâce de l’Amour et de la Vérité.
† Gabriel, Archevêque de Comane
Exarque du Patriarche Œcuménique
Paris, le 18 mai 2007