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Dimanche du Pardon

Homélie de Père Antoine pour le dimanche du Pardon, dimanche 2 mars 2014 - Mt VI,14-2

Avant d’aborder le Pardon, permettez-moi d’évoquer le carême dans lequel nous entrons. Ce temps béni est un temps de repentir. La voie du repentir est très liée à la vie monastique. On dira que ce temps béni est un temps où nous vivons un peu tous comme des moines, des moniales. Et chaque dimanche de carême abordera un peu plus les aspects du repentir, de la conversion, de la métanoïa.
Dans l’évangile de ce jour, Jésus nous parle du jeûne, un élément qui caractérise tellement le carême. Ici, Jésus ne justifie pas le jeûne, il ne le condamne pas non plus. Il a lui-même jeûné si pourtant les évangiles nous le présente plus souvent à table. Jésus dans notre texte affirme seulement que le jeûne est sans valeur si nous cherchons l’approbation des hommes et non celle de Dieu. Jésus demande surtout de faire le jeûne comme quand nous faisons le bien : sans chercher à se faire voir.
Le jeûne n’est pas un but en soi, il est un simple moyen tout comme l’ascèse. Pour élargir ce thème, je voudrai citer ici un court passage de Paul Evdokimov dans son beau livre : ‘Les Ages de la vie spirituelle’ :
« Dans les conditions actuelles, sous le poids du surmenage et de l’usure nerveuse, la sensibilité change. La médecine protège et prolonge la vie, mais en même temps diminue la résistance à la souffrance et aux privations. L’ascèse chrétienne n’est qu’une méthode au service de la vie, et elle cherchera à s’accorder aux besoins nouveaux. La thébaïde héroïque imposait des jeûnes extrêmes et des contraintes ; le combat aujourd’hui se déplace. L’homme n’a pas besoin d’un dolorisme supplémentaire… La mortification serait la libération de tous besoin de doping : vitesse, bruit, excitants, alcools de toutes sortes. L’ascèse serait plutôt le repos imposé, la discipline du calme et du silence, périodiques et réguliers où l’homme retrouve la faculté de s’arrêter pour la prière et la contemplation, même au cœur de tous les bruits du monde, et surtout d’entendre la présence des autres. Le jeûne, à l’opposé de la macération que l’on s’inflige, serait le renoncement au superflu, son partage avec les pauvres, un équilibre souriant. »
Dans l’évangile toujours, il était question également de pardon. Les deux premiers versets développait la demande du pardon dans le Notre Père : ‘Pardonne-nous nos dettes comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés’. On pourrait croire que nous demandons à Dieu de nous imiter dans le pardon. Or le début de l’évangile dissipait justement cette impression : Dieu nous pardonnera si nous pardonnons. Nous sommes assurés du pardon de Dieu quand nous même nous nous sommes pardonnés.
Quand nous pardonnons à quelqu’un qui qui nous demande pardon, nous entrons dans un autre monde, celui de Dieu. Quand nous refusons le pardon nous nous engageons à rester dans ce monde, nous nous condamnons à rester dans l’esprit du monde. En restant ainsi dans notre suffisance, il devient bien difficile alors de comprendre la miséricorde de Dieu pour les pauvres que nous sommes devant Lui. Dieu veut nous pardonner et nous rapprocher de lui, mais comment le fera-t-il si nous nous cramponnons aux choses de ce monde, à notre propension à avoir toujours raison ?
Pour notre paroisse qui change, qui mûrit qui grandit, le pardon est certainement le point le plus précieux qui nous est demandé dans ce carême. Notre communauté est riche de plein de dons et je sais que chacun aime sa paroisse et veut que tout marche pour le mieux. Je sais aussi que des pardons sont difficiles à se libérer. Il nous faut implorer l’aide du Seigneur pour qu’il vienne libérer en nous le pardon. Sans le pardon nous bouchons en nous et en communauté la source de la Vie, la vraie vie qui est Dieu.

Père Antoine

 

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