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Les saintes femmes myrrhophores

Homélie de Père Antoine pour le 3è dimanche de Pâques, 4 mai 2014 - Marc 15,43-16,8

Christ est ressuscité !

Nous venons d’entendre et de voir dans l’évangile comment les femmes, après avoir vu le tombeau vide, sont appelées à témoigner d’un évènement incroyable : Jésus est vivant à nouveau. Les femmes sont les premières à être témoins de la Résurrection, elles sont les premières à aller porter la ‘bonne nouvelle’ aux onze disciples de Jésus qui se sont cachés par peur. Les femmes doivent retrouver cette joyeuse mission dans nos églises…
« Évangile » signifie « bonne nouvelle ». Une bonne nouvelle ! Il n’est pas facile d’y croire aujourd’hui. Il est tellement plus tentant de croire aux mauvaises nouvelles. Quand les temps sont durs et l’avenir bouché, on ne croit même plus à un bonheur possible. Il faut donc une première conversion de nos mentalités pessimistes.
Une bonne nouvelle, c’est l’annonce d’un évènement heureux comme la naissance d’un enfant, un mariage, le retour d’un fils ou d’une fille après de longues années d’absences ou encore une guérison après une grave maladie. ‘Bonne nouvelle’, ces deux mots seulement suffisent pour nous tenir en éveil, ils provoquent, nous bousculent, nous séduisent et mobilisent nos énergies.
Et quelle est-elle cette bonne nouvelle de l’évangile ? Elle nous dit que Dieu s’est fait tout proche de nous, en la personne de son Fils Jésus ; qu’il a revêtu notre humanité pour qu’à notre tour le jour de notre baptême nous le revêtions comme d’un vêtement. Les conséquences de cette incarnation, nous les découvrons chaque jour dans chacune de nos existences. Jésus, le Christ a partagé nos joies et nos peines, nos misères, toutes nos souffrances. Mais surtout, surtout, il a pris sur lui toutes nos maladies, tous nos péchés, et par amour pour nous il a accepté la mort, et, ô merveille, il a vaincu la mort, il est revenu à la vie, il est ressuscité. Par sa mort il a transformé la mort. A travers sa propre mort il a pris notre mort, toutes nos morts, les petites et les grandes pour les transformer. Et comme nous le proclamons dans notre Credo : ‘il est descendu aux Enfers’, une image très belle qui veut dire que Jésus est allé dans le séjour des morts pour arracher des griffes de la Mort l’humanité toute entière. La descente aux Enfers exprime le salut universel que Jésus est venu nous apporter ; la mort n’est plus une fin, elle est devenue un passage…pour une vie éternelle.
La résurrection de Jésus, et la notre du même coup (conséquence de l’incarnation) est l’évènement heureux, incroyable, révolutionnaire que nous avons du mal à réaliser, tellement c’est énorme. Cet évènement extraordinaire de la victoire de la Vie sur la Mort a traversé l’histoire, a traversé le temps pour arriver jusqu’à nous aujourd’hui. C’est de ce phénomène inouï avec la conversion et le pardon des péchés que nous devons être les témoins à la suite des Femmes Myrrophores. Ce n’est donc pas une mauvaise nouvelle, de celle que nous rapportent trop souvent les médias et dont nous sommes un peu saouls. C’est une bonne nouvelle qui devrait tellement nous réjouir du fond de notre coeur…

Être témoin du Christ pouvait autrefois conduire à la prison, à la mort ! Il ne faut pas oublier que le mot ‘martyr’ veut dire précisément ‘témoin’, donc être témoin peut aller jusque là : au martyre. Croire en Jésus, le Christ, toujours vivant était dangereux autrefois, il l’est encore dans certaine région de notre planète, il ne faut pas l’oublier. Mais, dans notre monde occidental, confortable, le témoignage a perdu de sa radicalité. Le témoignage a perdu de son exigence.

N’oublions pas : La foi trouve sa source en Dieu. Elle ne coule jusqu’à nous qu’à travers les témoignages innombrables d’hommes et de femmes, proches ou éloignés, qui nous ont marqués de leur rayonnement spirituel.

Dans les Actes des Apôtres, Jésus apparaît comme le grand Témoin de l’histoire celui que Jean définit en disant de lui : « Il est venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité ». (Jean 18, 37). Dans le procès qui le conduit à la croix, il ne recule pas devant les conséquences de son témoignage. Il y avait longtemps qu’il s’était engagé dans cette attitude de totale vérité et qu’il payait maintenant de sa vie. « Ma vie nul ne l’a prend ; c’est moi qui la donne. »
Le sang de ce martyr devint semence de témoins incorruptibles. Etienne est le premier qui accepte de subir la mort plutôt que de renier sa foi. Le jeune homme -Saul- aux pieds duquel les bourreaux d’Etienne déposèrent leurs vêtements ne savait pas qu’un jour, lui aussi épris du Seigneur Jésus, n’hésiterai pas à donner sa vie au terme d’un long témoignage. Mais avant, on peut se souvenir du jour où dans la synagogue d’Antioche de Pisidie il prend la parole : « Dieu a ressuscité Jésus. Sachez-le donc, frères, c’est par lui que la rémission des péchés vous est annoncée. L’entière justification que vous n’avez pu obtenir par la Loi de Moïse, c’est par lui que quiconque l’obtient. » (Ac. 13, 30, 38s)
Tout est là. Etre chrétien, c’est d’abord être témoin d’un fait absolument révolutionnaire : Jésus est intervenu dans l’histoire des hommes et nous permet de dominer le mal et le péché dans nos cœurs, si nous avons foi en lui. Etre chrétien c’est aussi savoir que la foi et la disponibilité à l’action du Christ sont seules indispensables.

Nous savons tous ce qu’est un témoin dans une course relais. Dans notre jeune âge, nous avons certainement participés à ces courses où on se passe un petit morceau de bois qu’on appelle curieusement ‘témoin’. Ce témoin, voilà qu’on nous le passe à nous aussi dans la course de plus en plus folle que sont nos vies. Ce témoin nous le recevons de nos ancêtres dans la foi et nous aurons à le transmettre à ceux qui vont nous suivre.

Amen !
Christ est ressuscité !

Père Antoine

 

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