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Nativité de la Mère de Dieu

Homélie de Père Antoine, 2 août 2015 en l'église saint Basile et saint Alexis - Transfiguration de notre Seigneur, Mt XVII,1-9 (anticipation).

Jésus part sur la montagne pour prier précise de son côté St Luc. Avec lui, il prend trois disciples. Et voilà que pendant la prière, Jésus apparaît tout autre : ses vêtements deviennent éclatants de blancheur.
Moïse et Elie, qui autrefois, ont été témoins de manifestations de Dieu sur la montagne du Sinaï et sur celle de l’Horeb pour Elie sont là pour contempler à nouveau le Christ en gloire, adaptés qu’ils sont, pourrions-nous dire, à ce genre de vision. L’office des matines fait précisément relire ces grandes apparitions racontées dans le livre de l’exode et dans le 3è des Rois…
Mais, dans la lumière, ils s’entretiennent de la montée à Jérusalem, c.a.d. de la Passion que Jésus va subir là-bas. La mort de Jésus apparaît déjà dans cet entretien associé à sa gloire.

Et que voyons-nous sur l’icône ?
1. Le Christ dans la gloire, il est représenté dans le haut de l’icône, sur la montagne mais il n’est pas posé dessus, vêtu de blanc ou d’or, il n’est que lumière. Il envoie ses rayons aux quatre coins de l’icône qui représentent les quatre coins du monde et sur les 3 disciples en bas et encore sur les 2 personnages Elie et Moïse qui sont avec lui.
2. Moïse et Elie eux aussi ont leur propre montagne sans être posés dessus ; ils sont sur des sommets car ce sont des hommes de hauteurs, de hauteurs spirituelles qui ont rejoint Dieu là où il leur parlait sur les sommets. La montagne très présente dans les icônes, et dans la bible est le lieu par excellence de la rencontre avec Dieu. Indication pour nous à prendre de la hauteur pour prier, à nous dégager un peu de ce qui nous tient cramponnés au sol, je veux dire à toutes les choses inutiles qui nous occupent trop souvent. Quand on prend de la hauteur on a une autre vision des choses, plus global, on a une vue d’ensemble, on n’est plus obnubilé par les petits détails… Moïse et Elie sont tous deux les visionnaires de l’ancienne Alliance, visionnaires de Dieu sur le Sinaï et sur le mont Carmel. Le Christ les entretient de sa passion à venir. Moïse représente les morts, tandis qu’Elie, emmené aux cieux sur un char de feu représente les vivants.
3. Les Apôtres : Pierre, Jacques et Jean. Ils sont bouleversés et renversés par la révélation. Pierre à gauche, tout émerveillé voudrait installer des tentes et s’installer déjà dans la parousie avant la fin de l’histoire. Il exprime son ravissement de se retrouver dans l’état initial du monde, avant la chute. Jean est au centre et Jacques à droite. Certains voient dans les 3 attitudes des apôtres la décomposition d’une même attitude qui est celle de la métanoïa : le retournement, car pour être capable de voir la Transfiguration, c’est-à-dire la lumière du Christ sur chaque homme et sur toute chose, cela demande un retournement à 180°, c’est-à-dire un retournement dans la foi.
Les disciples sont comme éblouis, ils se protègent les yeux et pourtant sur certaines icônes on peut voir ce détail amusant de l’un ou l’autre des apôtres : la main sur le visage pour se protéger de la lumière aveuglante mais regardant entre les doigts pour apercevoir un peu de la gloire du Christ qui les illumine.

Saint Luc de son côté nous dit que les disciples sont pris de sommeil pendant la prière de Jésus. A Gethsémani, également, ces mêmes disciples dormiront pendant que Jésus prie ; à croire que c’est leur habitude. Sommeil étrange quand même qui ressemble plutôt à une sorte d’anesthésie générale permettant une grave opération. Enfin, les voilà qui se réveillent et ils sont témoins de la vision extraordinaire. Ils commencent à paniquer. En plus, une voix qui vient d’ailleurs se fait entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le ».
Les trois disciples voient Jésus dans la gloire de sa divinité et en même temps, ils sont témoins d’une apparition complète de Dieu dans ces trois personnes : la voix du Père témoigne, l’Esprit, par la nuée, illumine et le Fils reçoit et manifeste la parole et la lumière. Nous sommes dans la même situation qu’au baptême du Christ. C’est deux scènes, ces deux icônes sont des manifestations de notre Dieu unique en trois personnes.

Ce serait une grave erreur de croire que sur le Thabor, Jésus a subit un changement essentiel dans son être. En réalité, il dévoile, furtivement, ce qu’il était depuis toujours au-delà de ce qu’on voyait de lui. Il a fait connaître à Pierre, Jacques et Jean, sa véritable identité de fils de l’homme et de fils de Dieu. Cette vue de foi est importante car elle nous rappelle notre propre transfiguration. Souvenez-vous, le jour de notre baptême nous avons revêtu le Christ, le tropaire le chante (…) ; et donc notre être participe à la divinité du Christ… Le vêtement blanc pareil à celui de Jésus à la Transfiguration et dont on nous a revêtus ce jour-là, symbolise justement notre propre transfiguration. Il ne faut pas l’oublier.
La transfiguration de Jésus aujourd’hui nous permet non seulement de contempler la gloire de Dieu, de pénétrer un peu plus dans la lumière mais aussi d’être nous-mêmes éclairés et même transfigurés. Aujourd’hui, nous fêtons non seulement la Transfiguration de Jésus mais aussi la nôtre.

La Transfiguration, c’est aussi apprendre à voir les êtres, les choses (la nature), les événements dans la lumière. C’est en quelque sorte reproduire la dernière opération du peintre d’icônes qui consiste à poser des lumières, ces lumières qui sont les petites touches de peinture blanche ou d’or, qu’on nomme ‘assistes’ et qui ont pour but de donner du relief, le volume extérieur mais davantage la profondeur intérieure, la lumière qui vient de l’intérieur, l’intensité de tout ce qui est créé, et qui leur donne leur véritable beauté.

La transfiguration devient encore l’affaire de nous tous. Tous, nous sommes appelés à devenir d’une certaine manière iconographe, je veux dire à voir nos frères, sœurs, notre prochain, mais encore les évènements dans la lumière divine. Nous devons apprendre à mettre des touches de blanc, de lumière sur chaque visage que nous rencontrons. Sur chaque situation, évènement qui se présente à nous, il nous faut discerner la part de lumière qu’elle nous apporte. Nous ne devons plus voir les choses en noir mais en blanc, en lumière.

La transfiguration, c’est voir en positif. C’est vivre l’espérance, c’est voir avec les yeux du cœur. C’est, quand nous rencontrons notre prochain tel qu’il soit, nous laissions monter du fond de notre cœur la parole du Père « celui-ci est mon fils bien-aimé en qui j’ai mis tout mon amour ». Mais peut-être avons-nous d’abord à recevoir cette parole pour nous même. Disons-nous dans notre cœur : « je suis le fils, la fille, bien-aimé du Père ».

Dans la première lettre de St Jn (3,1-2) nous pouvons lire :
« Voyez comme il est grand l’amour dont le Père nous a comblés ; il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes- Dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons ne paraît pas encore clairement. Nous le savons : lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est ».

Réaliser l’icône de la Transfiguration est capitale dans la démarche de l’iconographe, je veux dire que tous nous devons devenir des iconographes (et je ne fais pas de pub) car très précisément, comme par le jeu des couleurs, des formes, des transparences, des assistes blanches nous avons à illuminer, c’est-à-dire à mettre en lumière tout ce qui nous entoure. L’icône nous introduit dans l’au-delà, elle doit traduire la face spirituelle des personnages. L’icône dévoile la part de mystère de chaque être. L’icône doit traduire et introduire dans le vrai monde dès ici-bas. Et paradoxalement, l’icône exprime la vraie réalité des choses…

Que cette grande fête, mes bien-aimés, nous donne d’entrer davantage dans le mystère de Jésus, nous donne de nous laisser irradier par lui pour que nos yeux ne puissent plus voir nos frères, nos sœurs, les évènements de la vie, toute la nature qu’à travers cette lumière qui rayonne de Jésus.

 

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