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Mot de Père Lambert

janvier 2007

Chaque mois, Père Lambert écrit quelques mots pour aider les paroissiens de l'église orthodoxe de Nantes
à réfléchir et progresser sur leur chemin spirituel.

Les lois de la République sont-elles nos lois ?

Un jour l'une de nous me disait: "mais je n'ai rien fait de grave, puisque la loi permet l'interruption de grossesse et j'étais bien avant la date limite prévue par la loi" (note 1Le but de ce mot n'est pas de parler de la question de l'avortement ou de juger celles qui l'ont pratiqué. C'est là une question de l'intimité de la relation de la personne avec Dieu dans le Mystère de la Confession. La question de l'avortement et la parole que je cite n'étant que le "point de départ", ce mot a comme objectif de parler de la question "qu'est-ce qui donne direction à mes actes ?".).
Depuis ce jour ces mots me sont restés gravés dans l'esprit…
En effet, les lois nous permettent d'avoir des relations sexuelles avec autant de personnes que nous voulons, les lois nous permettent l'infidélité, les lois nous permettent l'avortement, les lois nous permettent de nous souiller, les lois nous permettent de gagner de l'argent en appauvrissant les autres, les lois permettent le commerce d'armes…
Tout cela est permis, mais est-ce pour autant bien? Il faut que la société s'organise d'une manière ou d'une autre. La forme que cela prend est liée à une histoire précise et alors assez relative. Mais très souvent l'Etat se voit non comme "une" forme mais comme "la" forme. Un tel Etat se voit souvent comme la mère qui a le devoir d'éduquer ses enfants ou comme le maître qui les enseigne… Du coup, ses lois ne sont pas seulement des "régulations" pour que "le plus grand nombre de gens puissent vivre en paix les uns avec les autres et dans les meilleurs conditions possibles" (note 2Les lois de la République à lesquelles nous obéissons, dictent le minimum auquel il faut obéir pour que la société garde sa cohérence, pour que les plus faibles ne soient pas écrasés. Mais est-ce qu'elles nous disent ce qui est bien à faire?
Si nous revenons à mes exemples de tout ce que la loi permet (les relations sexuelles multiples, l'infidélité, l'avortement, la commerce au détriment des autres…), nous voyons que les lois mettent des limites: l'avortement est possible jusqu'à un tel limite de temps de grossesse (selon le législateur le moment où l'on pourrait parler d'un "être humain" qu'il faut protéger), l'abus de l'alcool est permis à condition que cela n'entraîne pas de violence et que cela ne soit pas sur la voie publique (où cela implique un risque pour les autres), les lois sociales protègent les faibles dans le champ du travail et des résolutions de l'ONU limitent le commerce des armes etc.
On voit alors bien le rôle des lois. C'est de mettre des limites pour que le "vivre ensemble reste possible" et que "le faible soit protégé". Mais est-ce qu'elles indiquent pour autant ce qui est bien ?
). Non, ses lois prétendent incarner "ce qui est bien", "ce qu'il faut" (note 3Et même si c'est vrai qu'il y a beaucoup de lois qui ne disent pas ce qu'il "faut" faire, nous en faisons souvent des normes. C'est ainsi pour la loi Veil autorisant l'interruption de grossesse. Il s'y agit d'une liberté offerte (puisque auparavant, on risquait la prison . . .) aux situations difficiles ou délicates. Mais pour beaucoup ceci est devenu une norme, un droit pour chaque femme, à utiliser même pour des raisons de carrière… Dans cet article je ne mets pas en cause la loi de la République, mais notre utilisation de cette loi.). Et en France elles sont même sensées garantir "l'égalité" et "la liberté" et instaurer "la fraternité". Elles s'imposent alors non comme "des limites à ne pas dépasser" mais comme "des indications éthiques". Les lois deviennent des "règles de vie". Et elles prennent un caractère absolu.
Mais est-ce que, pour un chrétien, l'Etat peut se substituer au Père? Est-ce que l'état peut être notre Maître? Et ses lois, peuvent-elles remplacer la "loi de l'Esprit" (Rom 8, 2)?
C'est vrai, "nous vivons dans le monde" et nous obéissons donc à ses lois. Une lettre d'un chrétien du deuxième siècle ("Lettre à Diognète") spécifie pourtant : "Les chrétiens s'acquittent de tous leurs devoirs de citoyens et supportent toutes les charges" mais "comme des étrangers". "Ils obéissent aux lois" mais "leur manière de vivre l'emporte en perfection sur elles".
En effet, les "lois" des chrétiens dépassent largement les lois de la République: "les chrétiens se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et la manière de vivre, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république spirituelle. (…) Ils se marient comme tout le monde, ils ont des enfants, mais ils n'abandonnent pas leurs nouveau-nés. Ils partagent tous la même table, mais non le même lit. Ils sont dans la chair, mais ne vivent pas selon la chair. Ils passent leur vie sur la terre, mais sont citoyens du ciel. Ils obéissent aux lois établies et leur manière de vivre l'emporte en perfection sur les lois" (citation de la "Lettre à Diognète").
Nous sommes "dans le monde" et -en même temps- "pas de ce monde" (Jean 17), citoyens de la République et citoyens "du monde à venir" (Hebr. 6, 5) et nous obéissons aux lois bien que notre vrai loi est celle "de l'Esprit" (Rom 8, 2): "être saints comme notre Père céleste est saint" (Math. 5, 48).

Votre père dans le Christ, Lambert.

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Notes :
1- Le but de ce mot n'est pas de parler de la question de l'avortement ou de juger celles qui l'ont pratiqué. C'est là une question de l'intimité de la relation de la personne avec Dieu dans le Mystère de la Confession.
La question de l'avortement et la parole que je cite n'étant que le "point de départ", ce mot a comme objectif de parler de la question "qu'est-ce qui donne direction à mes actes ?".
2- Les lois de la République à lesquelles nous obéissons, dictent le minimum auquel il faut obéir pour que la société garde sa cohérence, pour que les plus faibles ne soient pas écrasés. Mais est-ce qu'elles nous disent ce qui est bien à faire?
Si nous revenons à mes exemples de tout ce que la loi permet (les relations sexuelles multiples, l'infidélité, l'avortement, la commerce au détriment des autres…), nous voyons que les lois mettent des limites: l'avortement est possible jusqu'à un tel limite de temps de grossesse (selon le législateur le moment où l'on pourrait parler d'un "être humain" qu'il faut protéger), l'abus de l'alcool est permis à condition que cela n'entraîne pas de violence et que cela ne soit pas sur la voie publique (où cela implique un risque pour les autres), les lois sociales protègent les faibles dans le champ du travail et des résolutions de l'ONU limitent le commerce des armes etc.
On voit alors bien le rôle des lois. C'est de mettre des limites pour que le "vivre ensemble reste possible" et que "le faible soit protégé". Mais est-ce qu'elles indiquent pour autant ce qui est bien ?
3- Et même si c'est vrai qu'il y a beaucoup de lois qui ne disent pas ce qu'il "faut" faire, nous en faisons souvent des normes. C'est ainsi pour la loi Veil autorisant l'interruption de grossesse. Il s'y agit d'une liberté offerte (puisque auparavant, on risquait la prison . . .) aux situations difficiles ou délicates. Mais pour beaucoup ceci est devenu une norme, un droit pour chaque femme, à utiliser même pour des raisons de carrière… Dans cet article je ne mets pas en cause la loi de la République, mais notre utilisation de cette loi.

Законы Французской Республики являются ли законами для нас ?

Однажды кто-то из наших прихожан мне сказал: «Но я не совершила ничего серьёзного, потому что закон позволяет прервать беременность, и к тому же я была задолго до срока, позволенного законом» (прим. 1Цель этого слова – не разговор об аборте или осуждение тех, кто это практикует. Здесь речь идёт о вопросе интимности отношения человека с Богом в Таинстве Исповеди. Проблема аборта и фраза, которую я цитирую, являются лишь «исходной точкой отсчёта», здесь речь о вопросе «Что даёт направление моим действиям ?».).
С того дня эти слова у меня не выходили из головы.
Действительно, законы нам позволяют иметь сексуальные отношения с таким количеством людей, с каким мы хотим, законы нам позволяют неверность, законы позволяют нам аборт, законы позволяют нам осквернять, законы позволяют нам зарабатывать деньги, делая бедными других, законы позволяют нам продажу оружия…
Всё это дозволено, но хорошо ли это ?
Надо, чтобы общество было организовано тем или иным способом. Принимаемая форма связана с ходом истории, и в таком случае она достаточно относительная. Но очень часто государство причисляет себя не к одной какой-то форме, но к одной-единственной Форме. Такое государство рассматривает себя как мать, которая считает своим долгом воспитать своих детей или как учитель, который их учит… Его законы не являются нечто вроде «регулировками» с тем, чтобы «максимальное количество людей могло жить в мире друг с другом и в наилучших условиях» (прим. 2Законы Французской Республики, которым мы следуем, диктуют минимум, которого надо следовать для того, чтобы общество сохраняло свою целостность, с тем, чтобы самые слабые не были раздавлены. Но говорят ли нам законы, что хорошо делать ?Если мы вернёмся к моим примерам того, что закон позволяет (множественные сексуальные отношения, неверность, аборт, торговля за счёт других…), то мы увидим, что законы накладывают ограничения: аборт возможен до определённого срока беременности (согласно закону до момента, когда можно говорить о «человеке», которого надо защищать), злоупотребление алкоголем разрешено при условии, что это не влечёт за собой насилия и не происходит в общественном месте (где возможен риск для других), социальные законы защищают слабых в поле их деятельности, и резолюции ООН ограничивают продажу оружия и т.д.Мы ясно видим тогда роль законов. Это наложение ограничений с целью того, чтобы «жить вместе оставалось возможным», и чтобы «слабый был защищён». Но указывают ли законы наряду со всем этим то, что во благо ?). Нет, его законы претендуют на воплощение того, что «хорошо», то, что «надо». И во Франции они даже подразумевают гарантию «равенства» и «свободы» и утверждения «братства». Они выступают не в виде «границ, которых нельзя преступить», а как «этические указания». Законы становятся «правилами жизни» и принимают абсолютный характер.
Но разве для христианина государство может заменить Святого Отца. Может ли государство быть нашим Хозяином. А его законы могут ли заменить "закон духа жизни во Христе Иисусе" (Рим.8:2) ?
Это правда – «мы живём в этом мире» и следовательно, должны быть законопослушными. Письмо одного христианина II века («Письмо Дионету») уточняет при этом: «Христиане исполняют все свои гражданские права и несут все расходы, но «как чужестранцы». «Они следуют законам», но «их манера жизни одерживает верх над законами».
Действительно, христианские «законы» намного превосходят законы Французской Республики: «Христиане придерживаются местных обычаев, касающихся одежды, пищи и манеры жизни, проявляя при этом необычные и действительно парадоксальные законы их духовной республики. (…) Они женятся как все, у них есть дети, но они не бросают своих новорожденных детей. Они разделяют между собой общий стол, но не общую кровать. Они в плоти, но не живут по плоти. Они проживают свою жизнь на земле, но являются гражданами неба. Они следуют установившимся законам, и их манера жизни одерживает верх над законами» (цитата из «Письма Дионету»).
Мы находимся в «этом мире» и в то же время «не от мира сего» (Иоанн 17),Граждане Французской Республики и граждане «будущего века» (Послание к Евреям 6, 5), и мы следуем законам, несмотря на то, что наш истинный закон - это"закон духа жизни во Христе Иисусе" (Рим.8:2): «быть совершенными, как совершен Отец наш Небесный (Матфей, 5:48).

Ваш отец во Христе, Ламберт

прим. :
1- Цель этого слова – не разговор об аборте или осуждение тех, кто это практикует. Здесь речь идёт о вопросе интимности отношения человека с Богом в Таинстве Исповеди. Проблема аборта и фраза, которую я цитирую, являются лишь «исходной точкой отсчёта», здесь речь о вопросе «Что даёт направление моим действиям ?».
2- Законы Французской Республики, которым мы следуем, диктуют минимум, которого надо следовать для того, чтобы общество сохраняло свою целостность, с тем, чтобы самые слабые не были раздавлены. Но говорят ли нам законы, что хорошо делать ?Если мы вернёмся к моим примерам того, что закон позволяет (множественные сексуальные отношения, неверность, аборт, торговля за счёт других…), то мы увидим, что законы накладывают ограничения: аборт возможен до определённого срока беременности (согласно закону до момента, когда можно говорить о «человеке», которого надо защищать), злоупотребление алкоголем разрешено при условии, что это не влечёт за собой насилия и не происходит в общественном месте (где возможен риск для других), социальные законы защищают слабых в поле их деятельности, и резолюции ООН ограничивают продажу оружия и т.д.Мы ясно видим тогда роль законов. Это наложение ограничений с целью того, чтобы «жить вместе оставалось возможным», и чтобы «слабый был защищён». Но указывают ли законы наряду со всем этим то, что во благо ?

 

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