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Chaque mois, Père Lambert écrit quelques mots pour aider les paroissiens de l'église orthodoxe de Nantes
à réfléchir et progresser sur leur chemin spirituel.
Un jour l'un de nous me disait: "Voyez comme notre culture est corrompue. Il faut que nous imposions une vie pure à nos enfants" (note 1Ce mot s'inscrit dans une petite série de mots qui essaye de se positionner par rapport à différentes tendances morales. Le but est de savoir comment, nous chrétiens, nous trouvons le bon chemin. Quelle boussole est-ce que nous avons ?).
Notre culture occidentale, notre vie moderne propose beaucoup de bonnes choses (la liberté
de conscience et d'expression, l'idéal de la fraternité, une excellente
médecine et une bonne éducation accessible à tous ou presque,
un toit et de la nourriture en abondance pour la plupart,…), mais, quand
il s'agit d'une vraie culture, du sens de la vie, des valeurs vécues, elle
ne nous propose en effet pas grand-chose. Au contraire, le mode de vie que nous
trouvons dans notre société et le système économique,
nous incitent à ne penser qu'à nous-mêmes. Des attitudes indifférentes
et parfois moqueuses par rapport à tout ce qui concerne la vie spirituelle
sont parfois difficiles à affronter et il est tellement plus facile de
se laisser emmener par le courant que d'aller contre. La "vie facile",
le "bien-être", "l'argent" nous séduisent. Ou
au contraire, le stress, la course contre la montre, la multitude des contraintes
dans notre vie, nous fatiguent, nous étreignent et nous font céder
à l'appel de la "vie zen", du "bien-être mérité
de votre corps" et de toutes sortes de "luxes pour vous, madame"
ou de "plaisirs inattendus pour vous, monsieur". Et oui, il y a tellement
de choses superficielles ou même laides, voir mauvaises qui nous sont proposées…
La publicité nous a pris en otage et nous pousse à consommer sans
bornes (même à consommer les autres - vu le message sur la sexualité
qu'elle véhicule).
Alors, faut-il contrecarrer tout cela par une discipline
spirituelle, une éthique imposée, une morale obligatoire ? Faut-il
céder à la nostalgie des temps révolus où tout était
mieux ?
Il est vrai que nous trouvons une fois le mot "forcer" dans
l'Evangile. C'est dans la parabole du Festin Nuptial (image du Royaume de Dieu)
ou le roi (image de Dieu) dit: "Va t-en par les chemins et le long des clôtures,
et forcez les gens d'entrer, afin que ma maison se remplisse" (Luc 14, 23).
Et on pourrait encore trouver dans les Proverbes : "Qui épargne la
baguette hait son fils, qui l'aime prodigue la correction" (Prov 13, 23).
Mais quand nous voyons ce que la discipline donne, il n'y a pas vraiment
lieu de s'en féliciter. Les enfants sont d'habitude assez bien disciplinés
en classe, mais une fois dans la cour, ils se tapent dessus, se font enrager,
se rackettent. Les automobilistes se comportent comme des anges dès qu'ils
voient un gendarme, mais quand il n'y en a pas, ils foncent, brûlent les
feux et les passages piétons. Les soldats, une fois dressés, obéissent
aux ordres, mais dès qu'ils ont quitté la caserne, ils fument leur
joint et agressent les filles (note 2J'exagère volontairement.). Et les fidèles ?
Ils se conforment à toutes les exigences de la religion tant qu'ils sont
dans l'église…
Bien sûr, depuis Moïse nous connaissons
les dix commandements donnés par Dieu sur la Montagne. Mais est-ce qu'il
s'agit de commandements, de prescriptions, de lois ? D'abord, le texte n'utilise
pas le mot "commandement" mais "parole". Il s'agit des dix
Paroles de Dieu : "Dieu prononça toutes ces Paroles et dit : 'Je suis
le Seigneur ton Dieu qui t'a fait sortir de la servitude de l'Egypte', tu n'auras
pas d'autres dieux (…)" (Ex 20). Et l'on voit déjà dans
cette première phrase qu'il s'agit plutôt d'un texte d'alliance que
d'un texte de loi : 'je suis votre Seigneur, je serai là pour vous et vous
serez fidèle à moi'. Suivent ensuite quelques indications de vie :
respectez la vie (ne tuez pas), soyez fidèles (ne commettrez pas d'adultère),
soyez honnêtes (ne volez pas)… Puisque Dieu nous a donné la
vie et nous a libéré de la servitude, et puisqu'Il est notre Dieu
avec Qui nous avons conclu une alliance et de Qui nous sommes d'ailleurs l'image,
nous aussi nous donnons la vie autour de nous. C'est là le cordeau qui
indique comment construire de manière droite notre vie.
Et quand le
Christ reprend ces dix Paroles, il dit que la perfection de ces Paroles est de
'se donner': "donne tout ce que tu as (…) et puis viens, suis moi"
(rencontre avec le jeune riche, Math 19, 16 et suivants). Ou Il dit : "Le
plus grand commandement de la Loi est 'Tu aimeras le Seigneur ton Dieu (…)'
le second lui est semblable : 'Tu aimeras ton prochain (…)'" (Math 22,
37-39), ou Il dit "Voici quel est mon commandement : 'vous aimer les uns les
autres comme je vous ai aimés'" (Jean 15, 12) (note 3Comparez Rom 13, 8.10.).
Il s'agit donc chaque fois de quelque chose que le prêtre ne peut pas arracher à ses fidèles, que les parents ne peuvent pas imposer
à leurs enfants. Nous ne pouvons pas les forcer à aimer ou les obliger
à se donner. L'alliance entre Dieu et l'homme se fait sur la base de la
liberté (note 4Compares Jacques 1, 25, "la loi parfaite de la liberté".).
Ce qui ne veut pas dire que nous
pouvons faire ce que nous voulons. Car j'entends déjà ceux qui disent
"L'orthodoxie est la religion qui laisse les gens libres. Nous, nous n'avons
pas de règles…". Et avec cette affirmation, ils défendent
une vie sans contraintes, une vie 'facile'…
Non, justement, si nous
voulons être des chrétiens dignes de ce nom, nous devons observer
une discipline qui va beaucoup plus loin que toutes les autres, une discipline
intérieure : celle de l'amour. Mais personne ne peut nous l'imposer. Cela
doit être le fruit de notre libre choix.
votre père dans le Christ, Lambert
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Notes :
1- Ce mot s'inscrit dans une petite série de mots qui essaye de se positionner par rapport à différentes tendances morales. Le but est de savoir comment, nous chrétiens, nous trouvons le bon chemin. Quelle boussole est-ce que nous avons ?
2- J'exagère volontairement.
3- Comparez Rom 13, 8.10.
4- Compares Jacques 1, 25, "la loi parfaite de la liberté".
Однажды кто-то из нас сказал мне: «вы видите, насколько наша культура развращена. Мы должны заставить наших детей жить чистой жизнью» (прим. 1Эта заметика написана в серии заметок, которые пытаются помочь разобраться в отношениях с разчичными нарвственными тенденциями. Целью является понять, каким образом мы, христиане, находим наш путь. Что является для нас компасом ?).
Наша западная культура, наша современная жизнь предлагает нам много хорошего (свободу совести и свободу выбора, идеал братства, прекрасную медицину и хорошее образование, доступное каждому или почти каждому, крышу над головой и пищу в изобилии для большинства…), но когда дело касается настоящей культуры, смысла жизни, нам практически ничего не предлагается. Наоборот, образ жизни, который мы находим в нашем обществе и в экономической системе, нас побуждает думать и заботиться только о себе. Трудно противостоять безразличию, а иногда и насмешкам над всем, что касается духовной жизни, гораздо проще «плыть по течению», чем «против течения». «Простая жизнь», «благополучие», «деньги» прельщают нас. Или, наоборот, стресс, постоянная гонка, множество обязательств и ограничений в жизни нас утомляют, подталкивают сдаться призывам «жизни дзен», «благополучию, которое заслужило ваше тело» и прочим «люкс для вас, госпожа» или «неожиданные удовольствия для вас, господин». Да, нам предлагается много поверхностого и некрасивого, даже плохого… Реклама взяла нас в заложники и толкает нас к потреблению без границ (и даже к потреблению другого человека – если говорить об идеи сексуальности, которую она навязывает).
Итак, нужно ли противостоять этому духовной дисциплиной, установленной этикой, обязательной моралью? Нужно ли сдаться ностальгии прошлых времен, когда все было лучше ?
Правда, что мы встречам в Евангелии один раз слово «убедить». Оно в аллегории Брачной Трапезы (изображение Царства Божьего), где господин (изображение Бога) говорит: «Иди по дорогам и изгородям и убеди придти, чтобы наполнился дом мой» (Лк 14, 23). И еще можно найти в Книге Притчей Соломоновых: «Кто жалеет розги своей, тот ненавидит сына; а кто любит, тот с детства наказывает его» (Притч 13, 23).
Но когда мы видим, каковы последствия дисциплины, радоваться особо нечему. Дети привыкают к дисциплине в классе, но как только оказываются в школьном дворе, они дерутся, злят друг друга, рэкетируют. Автомобилисты ведут себя по-ангельски, как только видят жандарма, но проскакивают светофор на красный свет и не останавливаются перед пешеходными переходами. Солдаты, пройдя муштровку, подчиняются приказам, но как только выходят из казармы, курят наркотики и пристают к девушкам (прим. 2Я специально преувеличиваю.). И верующие? Они подчиняются всем требованиям религии, пока находятся в церкви…
Разумеется, еще от Моисея мы знаем десять заповедей, данных Богом на Горе. Но касается ли это заповедей, предписаний, законов? Во-первых, в тексте не используется слово «заповедь», но «слово». Речь идет о десяти «Словах» Господа: «И изрек Бог все слова сии, говоря: Я Господь, Бог твой, который вывел тебя из земли Египетской… не будет у тебя других богов…» (Ис. 20). И мы видим в этом первом предложении, что речь идет больше о договоре, чем о тексте законов: «Я господь ваш, я буду здесь для вас, и вы будете верны мне». Далее следуют указания, как жить: соблюдать жизнь (не убий), быть верным (не прелюбодействуй), быть честным (не укради)… Поскольку Бог дал нам жизнь и освободил нас от рабства, и поскольку Он – наш Бог, с Которым мы заключили договор, и чьим образом мы являемся, мы тоже даем жизнь вокруг нас. Это струна, которая указывает нам, как строить нашу жизнь правильной.
И когда Христос повторяет эти Десять слов, он говорит, что совершенство их выражается в «отдать» : «Раздай все, что ты имеешь (…) и приходи и следуй за мною» (встреча с богатым юношей, Мф 19, 16 и след.). Или Он говорит: «Наибольшая заповедь есть - «возлюби Господа Бога твоего (…)» и вторая похожа: «Возлюби ближнего своего (…)» (Мф 22, 37-39), или Он говорит: «Сия есть заповедь Моя, да любите друг друга, как Я возлюбил вас» (Иоанн 15, 12) (прим. 3Сравните Послание к Римлянам 13, 8.10.).
То есть каждый раз речь идет о том, что священник не может вырвать из верующих, что родители не могут навязать детям. Мы не можем заставить их любить или обязать их делиться с другими. Договор между Богом и человеком строится на основе свободы (прим. 4Сравните Иакова 1, 25, "закон и свобода".).
Это не значит, что мы можем делать все, что нам угодно. Я уже слышу тех, кто говорит: «православие – это грелигия, которая оставляет людей свободными. У нас нет правил…» Этим заявлением они подтверждают жизнь без обязательств, «легкую жизнь»…
Нет, наоборот, если мы хотим быть христианами, достойными этого звания, мы должны соблюдать дисциплину, которая ведет нас гораздо дальше, чем другие, внутреннюю дисциплину: дисциплину любви. Но никто не может нас заставить. Это должно быть плодом нашего свободного выбора.
Ваш отец во Христе, Ламберт
прим. :
1- Эта заметика написана в серии заметок, которые пытаются помочь разобраться в отношениях с разчичными нарвственными тенденциями. Целью является понять, каким образом мы, христиане, находим наш путь. Что является для нас компасом ?
2- Я специально преувеличиваю.
3- Сравните Послание к Римлянам 13, 8.10.
4- Сравните Иакова 1, 25, "закон и свобода".