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Mot de Père Lambert

Novembre 2007

Chaque mois, Père Lambert écrit quelques mots pour aider les paroissiens de l'église orthodoxe de Nantes
à réfléchir et progresser sur leur chemin spirituel.


Chaque jour est prosphore, toute notre vie peut devenir antidoron

A quoi servent ces petits pains que l'on appelle "prosphores" ? Qui peut les offrir ? Comment les manger ? Proskomidie, qu'est- ce que cela veut dire ? Et andidoron ? Pas mal de questions qui sont posées régulièrement.
Il faut savoir que pendant les premiers siècles, les fidèles apportèrent des produits alimentaires à l'église. Surtout du pain, du vin et de l'huile. C'étaient alors les éléments de base de la cuisine. En plus, c'étaient des symboles de la vie et du salut (note 1L'huile d'olive, par exemple, fait référence à la branche d'olivier rapportée par la colombe à Noé dans l'arche après le déluge, annonçant le début d' un monde nouveau.).
Et dans l'Eglise primitive, ils étaient utilisés pour les Sacrements : le pain et le vin pour la Sainte Liturgie (note 2St Paul y fait référence en 1Cor. 10, 16 par exemple), l'huile pour le Sacrement des malades (note 3Cela est décrit dans la lettre de Jacques 5, 13-14). Ainsi, le meilleur d'entre les offrandes des fidèles était utilisé pour l'Offrande par excellence, le Sacrement de l'Eucharistie (=Liturgie). Tout le reste était distribué au clergé et aux nécessiteux. Et c'est ainsi que je l'ai encore vu pratiquer, il y a quelques années, dans un petit village de Roumanie : le matin, les paysans se rassemblaient dans l'église et apportaient le fruit de leurs vignes et de leurs champs : des pains cuits dans leurs fours, les grappes vinifiées par leurs soins et mis dans de petites bouteilles en plastique. Un des servants avait la tâche de trier tout ce qui arrivait et de mettre le meilleur de côté pour que le prêtre l'utilise pour la Liturgie. Après la Liturgie, les différents célébrants, chantres et serviteurs, recevaient comme récompense pour leur travail une partie de ces dons. Le reste était emmené par le prêtre pour être distribué aux pauvres auxquels il rendait visite après la Liturgie.
Dans beaucoup d'églises, au quatrième siècle encore, cette réception des dons avait lieu au fond de l'église. Les fidèles apportaient leurs dons et demandaient en même temps des prières pour un tel et un tel, ou bien une visite pour une sœur ou un frère dans le besoin. C'était alors la mission du diacre de réceptionner ces dons, de les trier et d'en préparer une partie pour la Liturgie.
La Grande Entrée (qui est actuellement une procession avec le Calice et le Discos, qui sort de l'Autel pour y revenir) était alors véritablement une "entrée" de ces dons dans l'église pour les apporter à l'Autel.
Les fidèles étaient donc très impliqués dans ce que l'on appelle actuellement "la proskomidie" (note 4Proscomidie d'un mot grec qui veut dire "élévation", "offrande", également écrit proskomidie ou proskomidi; on peut également utiliser le mot "prothèsis) : un Office célébré par le prêtre, souvent avant l'arrivé des fidèles, au cours duquel il prépare le pain et le vin. Les fidèles sont donc peu ou pas impliqués : dans les églises russes, ceux-ci peuvent acheter au fond de l'église une prosphore (un pain destiné à l'offrande) et y rajouter leur dyptique ou pomjannik (une liste de noms de fidèles vivants et morts pour lesquels ils demandent de prier et pour lesquels le prêtre va, lors de la proskomidie, enlever des petits morceaux de pain pour les mettre près du pain appelé "agneau" qui va devenir le Corps du Christ ). Ce sont les serviteurs de l'Autel qui viennent chercher ces prosphores, et les prêtres qui lisent "en secret", derrière l'Iconostase, les noms de ceux qui sont sur les dyptiques. Dans l'église roumaine, les fidèles apportent eux-mêmes leurs dyptiques jusqu'à la porte de l'Autel (mais le plus souvent sans pain, par contre avec d'autres offrandes comme un cierge et un peu d'argent). Dans la plupart des églises grecques, il est devenu rare que les fidèles apportent des dyptiques. L'implication des fidèles est ainsi devenue minime, voir inexistante. Et pourtant la Liturgie est l'affaire de tous, elle est "Leitourgia", de λαοσ et εργον (= peuple et œuvre), "l'œuvre du peuple".
A Nantes, nous sommes tous de traditions différentes, et il n'était donc pas évident de savoir comment procéder en ce qui concerne la proscomidie. De plus, nous cherchons comment vivre ensemble l'essentiel de la Liturgie sans changer de façon "archéologique" ce que nous avons reçu des mains de nos pères dans la foi. C'est ainsi que nous en sommes venus à apporter notre prosphore à la porte de l'Autel et à lire à haute voix nosdyptiques, tandis que le prêtre enlève pour chacun de nous un petit morceau de pain pour le mettre sur le Discos, ce qui se pratique également ailleurs. De cette façon, chacun de nous "offre", c'est-à-dire, participe à "l'Offrande" (note 5D'ailleurs c'est la raison pour laquelle, je préfère que ce soient les fidèles qui m'apportent du vin et de l'huile, plutôt que de les faire acheter par ce qui est sur le compte bancaire de la paroisse). Après ceci, le prêtre vous rend la prosphore que vous pouvez manger et partager après la Communion. Vous pouvez également l'emporter à la maison et en manger chaque matin avant le petit dejeuner. La prosphore, mot grec signifiant "offrande", "don", est ainsi devenu "antidoron", mot grec signifiant "ce qui vient à la place des Dons" (note 6Antidoron, c'est ainsi qu'est appelé le pain qu'on vous donne à la fin de la Liturgie. C'est ce qui vient "à la place" des Dons pour ceux qui n'ont pas communié, et ce que l'on peut manger à la maison les jours où l'on ne peut pas communier. Mais, il ne faudrait pas exagérer, ce pain reste du pain ordinaire. Ce n'est pas la Communion. Et c'est donc une coutume pieuse de ne le manger qu'en étant à jeun, mais ceci n'est pas nécessaire.).
Ainsi nous participons activement à la Liturgie. Mais nous pouvons encore aller plus loin, nous pouvons "vivre" la Liturgie : Notre vie de toute la semaine qui prépare le Dimanche, devrait être vécue comme "prosphore", comme "offrande", "don à Dieu". Et toute la semaine qui suit peut devenir "antidoron" : nous vivons de ce que nous venons de recevoir, de ce que Dieu nous a donné, les Saints Dons, et tout ce que nous vivons, nous le vivons "en échange", comme "réalisation" de ces Dons (note 7Le grec permet de traduire "antidoron" comme "ce qui complète les Dons", "ce qui vient en échange des Dons".).
Vivons ainsi la Liturgie. Le Dimanche. Et chaque jour.

votre père dans le Christ, Lambert

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Notes :
1) L'huile d'olive, par exemple, fait référence à la branche d'olivier rapportée par la colombe à Noé dans l'arche après le déluge, annonçant le début d' un monde nouveau.
2) St Paul y fait référence en 1Cor. 10, 16 par exemple.
3) Cela est décrit dans la lettre de Jacques 5, 13-14.
4) Proscomidie d'un mot grec qui veut dire "élévation", "offrande", également écrit proskomidie ou proskomidi; on peut également utiliser le mot "prothèsis.
5) D'ailleurs c'est la raison pour laquelle, je préfère que ce soient les fidèles qui m'apportent du vin et de l'huile, plutôt que de les faire acheter par ce qui est sur le compte bancaire de la paroisse.
6) Antidoron, c'est ainsi qu'est appelé le pain qu'on vous donne à la fin de la Liturgie. C'est ce qui vient "à la place" des Dons pour ceux qui n'ont pas communié, et ce que l'on peut manger à la maison les jours où l'on ne peut pas communier. Mais, il ne faudrait pas exagérer, ce pain reste du pain ordinaire. Ce n'est pas la Communion. Et c'est donc une coutume pieuse de ne le manger qu'en étant à jeun, mais ceci n'est pas nécessaire.
7) Le grec permet de traduire "antidoron" comme "ce qui complète les Dons", "ce qui vient en échange des Dons".

Каждый день – это просфора, вся наша жизнь может превратиться в антидорон

Для чего нужны эти небольшие хлебцы, которые мы называем «просфорами»? Кто может их дать? Как их есть? «Проскомидия» - что это значит? И «антидорон»? Эти вопросы мне задают постоянно.
Дело в том, что в первые века верующие приносили в церковь продукты. Особенно хлеб, вино и растительное масло. Они были основными продуктами кухни тех времен. И кроме того, они были символами жизни и спасения (1примечание: Оливковое масло, например, напоминало об оливковой ветви, которую принес голубь на Ноев ковчег после наводнения, указав тем самым на другое начало, новый мир) . В ранней христианской Церкви их использовали для Таинств: хлеб и вино для Святой Литургии (2примечание: напр., Св. Павел говорит об этом в 1 Послании к Коринфянам 10, 16), масло для Причастия больных (3примечание: Это описывается в в послании Иакова 5, 13-14). Несколько лет назад в небольшом селении в Румынии я видел, что эти традиции живы: утром крестьяне собирались в церкви и приносили плоды со своих виноградников и полей: испеченный в печах хлеб, домашнее вино из винограда в небольших пластиковых бутылочках. Один из служителей церкви должен был сортировать принесенное и отставлять лучшее для Литургии, совершаемой священником. После Литургии, служившие священники, певчие и причет получали в вознаграждение за их работу часть этих даров. Остальное священник забирал с собой, чтобы раздать бедным, которых он посещал после Литургии.
Во многих церквях даже в IV веке это прием даров происходил в глубине церкви. Верующие приносили свои дары и в тоже время просили молиться за того или иного человека, или посетить нуждающуюся сестру или брата. Дьякон должен был принять эти дары, отсортировать их, приготовить часть из них для Литургии. Великий Вход, (который сейчас является процессией с Потиром и Дискосом, с выходом из Алтаря и последующим возвращением в Алтарь) был действительным «вхождением» этих даров в церковь, чтобы они были внесены на Алтарь.
Верующие активно участвовали в том, что мы называем сейчас «проскомидией» (4примечание: Проскомидия – это греческое слово, означающее «возведение», «приношение») : служба, служащаяся священником, обычно до прихода верующих, во время которой он приготовляет вино и хлеб. Верующие в этом участвуют мало или не участвуют совсем: в русских церквях они могут купить в глубине церкви просфору (хлебец, предназначенный для приношения), и приложить к нему диптих или помянник (лист с именами здравствующих или умерших, за которых они просят молиться, и за которых священник, во время проскомидии, отламывает небольшие кусочки хлебца, чтобы положить их возле куска хлеба, (называемого «агнец»), который станет Телом Христовым). Служители при Алтаре приходят за просфорами, и священники читают «тайно», за Иконостасом, имена тех, кто написан в диптихах. В румынской церкви верующие принося сами свои диптихи прямо к Царским Вратам (но чаще всего без хлеба, но с другими дарами, как свеча или немного денег). В большинстве греческих церквей теперь очень редко верующие приносят диптихи. Участие верующих стало минимальным, практически несуществующим. И тем не менее Литургия – это общее дело всех  и  (= народ и произведение), «произведение народа».
В Нанте у нас разное происхождение и разные традиции, и было непросто совершать проскомидию. Кроме того, мы стараемся найти наилучший способ, как нам жить вместе основу основ Литургии, не изменив при этом «археологический» способ, который мы получили из рук наших отцов в вере. Таким образом, мы приносим просфору в Царским Вратам и читаем вслух диптихи, в то время как священник отламывает для каждого из имен кусочек хлеба, чтобы положить его на Дискос, что также делается и в других церквях. Таким образом, каждый из нас «дарит», т.е. участвует в «Приношении» (5примечание: Это, кстати, одна из причин, почему я предпочитаю, чтобы верующие мне приносили вино и масло для Литургии и для лампад, а не покупать их, оплачивая деньгами с банковского счета прихода).
После чего, священник отдает вам просфору, которую вы можете есть, и которой можно делиться после Причастия. Вы также можете отнести их домой и есть там каждое утро до завтрака. Просфора, это греческое слово, которое обозначает «приношение», «дар», стало также «антидороном», греческим словом, обозначающим «то, что приходит вместо Приношений, вместо Даров»… (6примечание: Антидорон, это также хлеб, который вам дают в конце Литургии. Это то, что приходит «вместо» Даров для тех, кто не причащался, и что можно есть дома в те дни, когда нельзя причащаться. Но не нужно преувеличивать, этот хлеб остается обычным хлебом. Это не Причастие. То есть, это набожная традиция – есть их только натощак, но это не обязательно).
Таким образом, мы активно участвуем в Литургии. Но мы также можем сделать большее, мы можем «жить» Литургией: Наша жизнь в течение недели, которая готовит Воскресенье, должна быть прожита как "просфора", как «приношение», как «дар Богу».
И вся следующая неделя может стать «антидороном»: мы живем тем, что мы получили, тем, что Бог нам дал, Святыми Дарами; и все чем мы живем, мы живем «в обмен», как «выполнение» этих Даров. (7Примечание: греческий язык позволяет переводить «антидорон» как «то, что дополняет Дары», «то, что приходит в обмен на Дары»).
Будем жить Литургию. Воскресенье. И каждый день.

Ваш отец во Христе, Ламберт

прим. :
1- примечание: Оливковое масло, например, напоминало об оливковой ветви, которую принес голубь на Ноев ковчег после наводнения, указав тем самым на другое начало, новый мир
2- примечание: напр., Св. Павел говорит об этом в 1 Послании к Коринфянам 10, 16
3- примечание: Это описывается в в послании Иакова 5, 13-14
4- примечание: Проскомидия – это греческое слово, означающее «возведение», «приношение»
5- примечание: Это, кстати, одна из причин, почему я предпочитаю, чтобы верующие мне приносили вино и масло для Литургии и для лампад, а не покупать их, оплачивая деньгами с банковского счета прихода
6- примечание: Антидорон, это также хлеб, который вам дают в конце Литургии. Это то, что приходит «вместо» Даров для тех, кто не причащался, и что можно есть дома в те дни, когда нельзя причащаться. Но не нужно преувеличивать, этот хлеб остается обычным хлебом. Это не Причастие. То есть, это набожная традиция – есть их только натощак, но это не обязательно
7- Примечание: греческий язык позволяет переводить «антидорон» как «то, что дополняет Дары», «то, что приходит в обмен на Дары»

 

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