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Mot de Père Lambert

Chaque mois, Père Lambert écrit quelques mots pour aider les paroissiens de l'église orthodoxe de Nantes
à réfléchir et progresser sur leur chemin spirituel.


Orthodoxie / 5

Nous continuons notre série sur ce qui est véritablement chrétien en parlant cette fois-ci de la liberté.
C’est un mot que nous retrouvons maintes fois dans le Nouveau Testament.
Le Christ dit qu’Il est venu pour réaliser la prophétie de Isaïe : « défaire les chaines injustes, délier les liens du joug, libérer les opprimes » (Luc 4, 19 ; Isaïe 58, 6). Et Il dit encore : « Si le Fils vous libère, vous serez réellement libres » (Jean 8, 36).
St Paul parle également beaucoup de la liberté que le Christ donne. Liberté du péché (Rom 6 entre autres). Liberté par rapport aux rites païens (nous n’en tirons pas de profit comme nous ne risquons pas d’être souillés par eux - 1 Cor 10). Liberté par rapport aux rites juifs également – ce n’est pas par eux que nous sommes sauvés – Gal 5 entre autres).
Si nous sommes donc chrétiens, il nous faut nous comporter courageusement « en hommes libres » (1 Pierre, 16).
Ce qui me semble le plus dur pour nous orthodoxes est d’être libres par rapport aux rites. Et pourtant : « C’est pour que nous restions libres que le Christ nous a libérés », comme le dit St Paul en rajoutant « Tenez donc bon et ne vous remettez pas sous le joug de l’esclavage » (Gal 5, 1 (note 1 St Paul y parle justement des chrétiens qui veulent (re)imposer la circoncision (précepte de la Loi) aux frères.)).
Essayons de comprendre.
Quand le Christ meurt, « le voile du Sanctuaire se déchire en deux, du haut en bas » (Mathieu 27, 51, Marc 15, 38, Luc 23, 45). C’est à ce moment que la séparation entre le Saint et le Saint des Saints dans le Temple est abolie et par là, toute la séparation entre le profane et le sacré, entre ce monde et le ciel.
C’est éminemment important. Jusque là toutes les religions avaient essayé de surmonter ce fossé qui existe entre les hommes et leur Source, entre l’ici-bas et l’Au-Delà, entre les hommes et Dieu. Ils l’avaient essayé en tissant des liens avec cette « Force » par le biais des rites sacrés : des prêtres (personnes bien distinctes des hommes ordinaires, faisant parties d’une « ordre sacré », initiées dans les « secrets des dieux » par des rites, des études ou mieux encore par des « révélations » ou une réincarnation) font une culte (souvent secrète) liée à des lieux supposés « sacrales » (arbre, pierre, temple…). Et le sort des hommes, santé ou maladie, procréation et moisson abondante ou infertilité, sècheresse, inondation, … , tout dépend du bon vouloir de ce dieu sensé être influencé par l’observation de nos rites.
Tout ceci n’a plus de sens depuis que Dieu est Lui-même venu s’unir aux hommes, depuis que - en Jésus - le Verbe de Dieu s’est incarné. Depuis, l’homme peut rentrer librement en relation avec Dieu, comme le dit St Paul : « par Lui nous avons libre accès auprès de Dieu » (Ephésiens 2, 18). Nul besoin de rites : le culte est devenu « un culte spirituel » qui existe en offrir sa propre vie, sa personne « en hostie vivante » à Dieu (Rom 12). Nul besoin de prêtres : chaque homme est revêtu d’une prêtrise royale (1 Pierre 2 (note 2 Tandis que ceux nous appelons couramment « prêtres » sont en fait les « anciens » (presbytres) que nous trouvons quelques chapitres plus loin dans cette même lettre à Pierre, qui eux n’ont qu’à « guider » le troupeau (1 Pierre 5).)). Nul besoin de lieux saints : le voile du temple s’est déchiré (Marc 15, 38 et par.), chaque homme devenu « temple de Dieu » (1 Cor 3, 16).
Or, dans l’Eglise, qui est essentiellement Corps du Christ, c’est à dire corps vivant sans cesse en lien avec son Chef, le Christ, nous retrouvons petit à petit à nouveau des éléments des religions : qu’il s’agisse des éléments païens volontairement incorporés dans la Liturgie pour attirer les masses -qui ne sont plus considérés comme « peuple de Dieu » mais comme « plèbe »- ou de dégénérations progressives (souvent inconscientes puisque par méconnaissance). Et nous voilà avec une prêtrise considérée comme « ordre sacré » devant qui « les laïcs » se prosternent et dont ils croient qu’ils ont un « pouvoir spirituel ». Et nous voilà avec des églises considérées comme des « maisons de Dieu », « temples saints ». Et nous voilà avec des rites qu’il faut exécuter consciencieusement sans oublier un mot, sans changer le moindre geste, selon les « traditions ancestrales » pour lesquelles on se bat, comme le faisait Paul avant sa conversion (note 3 St Paul dit de lui-même qu’il a mené une « persécution effrénée contre l’Eglise de Dieu » en « partisan acharné des traitions de mes pères » (Gal 1).).
Alors, retrouvons la liberté que le Christ nous a donné, vivons comme des « hommes libres » (1 Pierre 16), soyons « libérés du péché et asservis à la justice » (Rom 6, 1), « libérés de la servitude de la corruption pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu » (Rom 8, 21) et montrons ainsi le chemin à tous ces hommes et femmes autour de nous qui cherchent tant la liberté mais ne la trouvent pas (note 4 Le problème est que nos contemporains (et nous mêmes ?) cherchent une liberté sans repères, sans source ni but, une liberté qui n’est que la négation de l’exigence, une liberté qui semble plutôt libertinisme puisque pas « libre du péché ». Déjà St Paul nous mettait en garde : « Vous en effet, mes frères, vous avez été appelés à la liberté ; seulement, que cette liberté ne se tourne pas en prétexte pour la chair » (Gal 5, 13) ou encore : « Agissez comme des hommes libres, non pas en homes qui font de la liberté une voile sur leur malice, mais en serviteurs de Dieu » (1 Pierre 2, 16).).

Pr Lambert

notes :
1- St Paul y parle justement des chrétiens qui veulent (re)imposer la circoncision (précepte de la Loi) aux frères.
2- Tandis que ceux nous appelons couramment « prêtres » sont en fait les « anciens » (presbytres) que nous trouvons quelques chapitres plus loin dans cette même lettre à Pierre, qui eux n’ont qu’à « guider » le troupeau (1 Pierre 5).
3- St Paul dit de lui-même qu’il a mené une « persécution effrénée contre l’Eglise de Dieu » en « partisan acharné des traitions de mes pères » (Gal 1).
4- Le problème est que nos contemporains (et nous mêmes ?) cherchent une liberté sans repères, sans source ni but, une liberté qui n’est que la négation de l’exigence, une liberté qui semble plutôt libertinisme puisque pas « libre du péché ». Déjà St Paul nous mettait en garde : « Vous en effet, mes frères, vous avez été appelés à la liberté ; seulement, que cette liberté ne se tourne pas en prétexte pour la chair » (Gal 5, 13) ou encore : « Agissez comme des hommes libres, non pas en homes qui font de la liberté une voile sur leur malice, mais en serviteurs de Dieu » (1 Pierre 2, 16).

Православие / 5

Мы продолжаем нашу серию о том, что значит быть настоящим христианином, рассмотрев в этот раз понятие свободы.
Это слово повторяется в Новом Завете огромное количество раз.
Христ говорит, что Он пришёл, чтобы исполнить пророчество Исая: «снять несправедливые цепи, развязать нити ига, освободить угнетённых» (Св.Лука 4,19; Исай 58,6). И Он также говорит: «Если Сын вас освобождает, вы будете по-настоящему свободными». (Св.Иоанн 8,36).
Святой Павел тоже говорит много о свободе, которую даёт Иисус Христос. О свободе греха (Рим, 6 в частности). О свободе по отношению к языческим обрядам (мы не извлекаем из них выгоду, и мы не испачкаем себя ими – 1 Кор. 10). О свободе также по отношению к еврейским обрядам (не они нас спасли - Послание к Галатам 5, например).
Итак, если мы христиане, нам следует вести себя со всей храбростью как «свободные люди» (1 Пётр, 16).
Как мне кажется, самое трудное для нас православных – это быть свободным по отношению к обрядам. И всё же : « Христос нас освободил именно с той целью, чтобы мы оставались свободными», как говорит Св.Павел, добавляя: «Оставайтесь мужественными и не сдавайтесь опять в рабство» (Послание к Галатам 5,1(прим. 1Св.Павел здесь как раз и говорит о христианах, которые хотят опять насадить обрезание братьям.)).
Попытаемся понять.
Когда Христос умирает, «завеса в Храме раздралась по средине, сверху вниз» (Матвей 27,51, Марк 15,38, Лука 23,45). Именно в этот момент разделение между Святым и Святая Святых в Храме было свержено, и тем самым всякое разделение между мирским и священным, между этим миром и небом.
Это очень важно. До этого момента все религии попытались перешагнуть этот барьер, существующий между людьми и их Началом, между этим миром и тем миром, между людьми и Богом. Они попытались это сделать, создавая связи с этой «Силой» посредством священных обрядов: священники (лица, отличающиеся от обычных людей, входящие в «священный орден», приобщенные к «секретам богов» через обряды, изучение или ещё лучше через «откровения» или реинкарнацию) создают культ (часто тайный), связанный с «священными» местами (дерево, камень, храм…). И судьба людей, здоровье или болезнь, произведение на свет потомства и богатый урожай или бесплодие, засуха, наводнение,… – всё зависит от доброй воли этого бога, которая находится под влиянием через наблюдение наших обрядов.
Всё это не имеет смысла с тех пор, как Бог Сам пришёл к людям, с тех пор как – в лице Иисуса – Глагол Божий возродился. С этих пор человек может свободно общаться с Богом, как говорит об этом Св.Павел: «через Него, у нас свободный доступ к Богу» (Послание к Ефесянам 2, 18). Никто не нуждается в обрядах: культ стал «духовным культом», заключающийся в том, чтобы принести в дар Богу свою собственную жизнь, свою личность в «живую просфору» (Рим, 12). Никто не нуждается в священниках: каждый человек имеет священный сан (1 Пётр 2 (прим. 2 В отличие от тех, кого мы называет в повседневной жизни «священниками», являются на самом деле «старейшинами» (пресви́терами), которых мы находим несколькими главами далее в этом же письме Петра. Они находятся во главе стада (1 Пётр 5).)).
Никто не нуждается в священных местах: завеса Храма разорвана (Матвей 27,51, Марк 15,38, Лука 23,45), каждый человек становится «Божьим Храмом» (1 Кор. 3,16).
Итак, в Церкви, являющейся собой Телом Иисус Христос а, то есть живым телом и в постоянной связи со своим Руководителем, Христом, мы находим постепенно вновь элементы религий: и будь это элементы язычества, специально вставленные в Литургию, чтобы привлечь массы, которые больше не рассматриваются как «Божий народ», но как « чернь» или как постепенное вырождение (часто неосознанное из-за незнания). И вот мы с духовным саном, рассматриваемым как «священный орден», перед которыми «светские» простираются и думают, что те обладают «духовной властью». И вот мы с церквями, рассматриваемыми как «дома Бога», «святые храмы»Б И вот мы с обрядами, которые нужно исполнять старательно, не забывая ни слова, не изменив ни малейший жест, следуя «обычаям предков», за которые бьются, как это делал Павел до своего обращения (прим. 3 Св.Павел говорит сам о себе, что он вел «неистовые гонения на Церковь Божью» как «ярый сторонник традиций своих отцов» (Послание к Галатам 1).).
Итак, обретем вновь свободу, которую Иисус Христос нам дал, будем жить как «свободные люди» (1 Пётр 16), будем «свободными от греха и подчинимся справедливости (Рим 6,1), «освободимся от порабощения развращённости с тем, чтобы войти в свободу славы Божьих детей» (Рим 8,21) и укажем таким образом дорогу всем этим мужчинам и женщинам вокруг нас, которые так ищут свободу, но не находят её (прим. 4 Проблема в том, что наши современники (и мы сами?) ищут свободу без каких-либо ориентиров, без источника и цели, свободу, которая не что иное как отрицание требовательности, свобода которая больше похожа на распущенность, так как не «свободна от греха». Уже Св.Павел нас предостерегал: « К свободе призваны вы, братия, только бы свобода ваша не была поводом к угождению плоти» (Послание к Галатам 5,13) или ещё : действуйте «как свободные, не как употребляющие свободу для прикрытия зла, но как рабы Божии» (1 Пётр 2, 16).).

Отец Ламберт

примечание :
1- Св.Павел здесь как раз и говорит о христианах, которые хотят опять насадить обрезание братьям.
2- В отличие от тех, кого мы называет в повседневной жизни «священниками», являются на самом деле «старейшинами» (пресви́терами), которых мы находим несколькими главами далее в этом же письме Петра. Они находятся во главе стада (1 Пётр 5).
3- Св.Павел говорит сам о себе, что он вел «неистовые гонения на Церковь Божью» как «ярый сторонник традиций своих отцов» (Послание к Галатам 1).
4- Проблема в том, что наши современники (и мы сами?) ищут свободу без каких-либо ориентиров, без источника и цели, свободу, которая не что иное как отрицание требовательности, свобода которая больше похожа на распущенность, так как не «свободна от греха». Уже Св.Павел нас предостерегал: « К свободе призваны вы, братия, только бы свобода ваша не была поводом к угождению плоти» (Послание к Галатам 5,13) или ещё : действуйте «как свободные, не как употребляющие свободу для прикрытия зла, но как рабы Божии» (1 Пётр 2, 16).

 

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