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Mot de Père Lambert

Chaque mois, Père Lambert écrit quelques mots pour aider les paroissiens de l'église orthodoxe de Nantes
à réfléchir et progresser sur leur chemin spirituel.


L’Entrée de Tes Saints…

Notre Liturgie connaît deux « Entrées ». Une première fois avec l’Evangile : le prêtre sort de l’Autel avec l’Evangéliaire, fait une petite procession et « entre » solennellement dans le Sanctuaire. Puis une deuxième fois avec les Saints Dons : le prêtre sort avec le Discos (Patène) et la Calice, fait une petite procession et « rentre » solennellement.
Tout ceci est difficile à comprendre si nous ne connaissons pas l’origine de ces rites :
Au quatrième siècle le peuple se tenait rassemblé autour de l’Evêque au milieu de l’église. Peuple et clergé étaient donc ensemble dans la nef. C’est là aussi que l’Evangile était lu. Or, l’Evangéliaire était gardée sur l’Autel qui se trouvait, comme encore aujourd’hui, « à part », « hors » espace où tous sont rassemblés (note 1Tout comme dans les synagogues dont notre Liturgie reprend la structure de base : le ‘Thora’ (les rouleaux contenant le texte de ce que nous appelons l’Ancien Testament) est lu au milieu du synagogue (=espace de rencontre, de ‘sun-agogein’, en grec ‘ensemble-venir’, se ‘rassembler’), mais il est gardé dans le Tabernacle / l’Arche (une espace « à part », « hors » espace de rencontre). ) . Il fallait donc la chercher : un des prêtres entrait dans l’Autel pour apporter l’Evangile.
Après la lecture et l’homélie, tout le clergé entrait solennellement dans le Sanctuaire. Avec eux les diacres portant les Calices avec le pain et le vin. Pendant toute la première partie de la Liturgie les diacres avaient été occupés dans le fond de l’église, près de la porte, à faire le tri parmi les dons emmenés par les fidèles. Ils mettaient une partie du pain, du vin et de l’huile à part pour les malades, les pauvres, les veuves, et une partie était préparée pour la Liturgie : pain et vin étaient coupés et mis dans des Calices. Et c’est ainsi qu’ils étaient portés en procession vers l’Autel.
Le fait qu’aujourd’hui les dons sont préparés à l’intérieur de l’Autel et que l’Evangile est lu à partir de l’Autel (sauf s’il y a un diacre), fausse un peu cette structure de base.

Mais ce qui est important c’est que nous avons toujours gardé l’idée d’une « entrée ». Parce que « entrer » semble représenter le sens même de la Liturgie : nous y entrons dans une autre réalité, dans le Royaume de Dieu :
A la « petite Entrée » (l’Entrée avec l’Evangéliaire) nous entendons une prière qui parle des Saints Anges qui « entrent avec nous » et qui « célèbrent et glorifient avec nous » la bonté de Dieu.
Et à la « Grande Entrée » (l’Entrée avec les Saints Dons) nous chantons que « nous représentons mystiquement les chérubins » pour « accueillir le Roi de toutes choses ».
Et d’ailleurs, à la Communion, nous nous « approchons avec crainte » pour « recevoir le Corps du Christ », pour « goûter à la Source immortelle ». Nous nous « approchons du Roi Immortel et notre Dieu », comme le dit celui qui s’apprête à communier, « pour la Vie éternelle ».

Dans la forme actuelle, les Entrées ne semblent concerner que le clergé : ce ne sont qu’eux qui entrent effectivement dans le Sanctuaire. Mais quand le prêtre bénit l’Entrée, il dit « béni est l’entrée de Tes Saints dans le Sanctuaire », comme il dit également avant le fractionnement de l’Agneau (le fractionnement du pain qui est devenu le Corps du Christ et qui va servir à la Communion) : « les Saints Dons aux Saints ». Or « les Saints » c’est le nom le plus ancien pour les Chrétiens, avant que le mot « chrétien » n’existe. Ainsi Saint Paul écrit par exemple « aux Saints qui se trouvent à Ephèse », Eph 1,1). Quand on parle donc dans ces prières liturgiques des « Saints », il s’agit de tous les fidèles (note 2D’ailleurs, plusieurs éléments nous laissent croire qu’avant le 4e siècle, « l’Entrée » concernait l’entrée de tous, les fidèles avec les anciens, ‘dans l’église’ et non ‘dans le Sanctuaire’ (qui n’existait pas forcément dans les lieux servant comme lieu de rassemblement pour ‘annoncer la Bonne Nouvelle’ et ‘rompre le Pain’, ce qui est la forme ancienne de notre Liturgie). ‘Entrer’ à cette époque voulait dire ‘sortir’, ‘sortir de ce monde’ (d’où « église », ce qui vient de ‘ec’ et ‘clisia’, ‘hors’ ‘appeler’, la communauté qui est appelé de sortir de ce monde). ).
Nous sommes donc tous invités d’entrer, chacun de nous est invité d’entrer. D’entrer dans la Salle Nuptiale, au Dieu nous attend (Mathieu 22, 10 et 25, 10) pour « manger à Sa table et boire dans Son Royaume » (Luc 22, 29-30).

Archiprêtre Lambert

notes :
1- Tout comme dans les synagogues dont notre Liturgie reprend la structure de base : le ‘Thora’ (les rouleaux contenant le texte de ce que nous appelons l’Ancien Testament) est lu au milieu du synagogue (=espace de rencontre, de ‘sun-agogein’, en grec ‘ensemble-venir’, se ‘rassembler’), mais il est gardé dans le Tabernacle / l’Arche (une espace « à part », « hors » espace de rencontre).
2- D’ailleurs, plusieurs éléments nous laissent croire qu’avant le 4e siècle, « l’Entrée » concernait l’entrée de tous, les fidèles avec les anciens, ‘dans l’église’ et non ‘dans le Sanctuaire’ (qui n’existait pas forcément dans les lieux servant comme lieu de rassemblement pour ‘annoncer la Bonne Nouvelle’ et ‘rompre le Pain’, ce qui est la forme ancienne de notre Liturgie). ‘Entrer’ à cette époque voulait dire ‘sortir’, ‘sortir de ce monde’ (d’où « église », ce qui vient de ‘ec’ et ‘clisia’, ‘hors’ ‘appeler’, la communauté qui est appelé de sortir de ce monde).

Вход Твоих Святых…

В нашей Литургии существует два «Входа». Первый происходит с Евангелием: священник выходит из Алтаря с хранилищем Евангелия, совершает небольшую процессию и «входит» торжественно в Алтарь. Потом второй раз со Святыми Дарами: священник выходит с Дискосом и Потиром, совершает небольшую процессию и торжественно «входит».
Все это достаточно трудно понять, если мы не знаем происхождения этих ритуалов :
В четвертом веке народ держался вблизи Епископа. Народ и клир находились вместе в нефе. Там читались Евангелия, в центре Церкви. А Евангелие хранилось в Алтаре, который находился, как и сейчас «отдельно», «удаленно» от места, где все собирались. То есть за ним надо было специально идти: один из священников входил в Алтарь, чтобы принести Евангелие.
После чтения и проповеди, все священнослужители торжественно входили с хранилищем Евангелия. Вместе с ними диаконы несли Потиры с хлебом и вином. Во время всей первой части Литургии они были заняты в глубине церкви, возле двери, тем, что сортировали дары, принесенные верующими. Они откладывали часть хлеба, вина и масла для больных, для бедных, для вдов, другая часть приготовлялась для Литургии: хлеб делили на части и клали в Чаши, наливали вино в Чаши. И потом их вносили в процессии к Алтарю.
Тот факт, что сегодня дары готовятся внутри Алтаря, и что евангелие читается с Алтаря (за исключением случаев, когда есть диакон), несколько нарушает основу этого ритуала.

Но важно то, что мы сохранили ритуал «входа». Потому что «вход» представляет собой смысл самой Литургии: мы входим в другую реальность, в Царство Божие :
Во время «малого Входа» (Вход с хранилищем Евангелия) мы слышим молитву об Ангелах Святых, которые «входят вместе с нами» и «празднуют и славят вместе с нами» доброту Бога.
И во время «Большого входа» (Вход со Святыми Дарами) мы поем что «мы представляем чудесных херувимов» чтобы «принять Царя во всем».
На Причастии мы «приближаемся со страхом», чтобы «принять тело Христово», чтобы «вкусить Источник бессмертия». Мы приближаемся к «Царю Бессмертному и нашему Богу», как говорит тот, кто собирается причащаться «для вечной Жизни».

В нынешней форме Входы касаются только священников: только они действительно входят в Алтарь. Но когда священник благословляет Вход, он говорит: «благословляется вход Твоих Святых в Алтарь», так же как перед расчленением Агнца (преломление хлеба, который стал Телом Христовым, и будет использоваться для Причастия): «Святые Дары Святым». Но «Святой» - это слово более древнее для Христиан, оно существовало еще до того, как появилось слово «христианин». Святой Павел пишет, например, о «Святых, которые находились в Ефесии», (Ефес. 1,1). Когда мы в молитвах литургии говорим о «Святых», речь идет обо всех верующих .
Любимые мои, вы все приглашены войти, каждый из нас приглашен войти. Прийти на Брачный пир, где Бог ждет нас (Матф 22, 10 и 25, 10), чтобы «есть и пить за трапезою Моею в Царстве Моем» (Лук 22, 29-30).

Протоиерей Ламберт

 

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