Discours de Guy , marguillier de la paroisse

lors de la dédicace de l'église - 6 mai 2006

le molébène en photos


la dédicace en photos

" Samedi 30 octobre 2003 : Nous sommes au Congrès de la Fraternité Orthodoxe en Europe occidentale, à saint Laurent-sur-Sèvre en Vendée. Bénédicte est en train de mettre en place un grand jeu catéchétique pour une centaine d'enfants, pour ma part, je cours à droite et à gauche vérifier que tout le déroulement du congrès se passe sans accrocs. Un appel téléphonique de Nantes : "Deux camions de rondins et de menuiseries pour la chapelle viennent d'arriver. Que fait-on ? Que fait-on des conducteurs ?"
Lundi 24 janvier 2005 : Je suis à Limoges, sous la neige, en tournée professionnelle. Appel sur mon portable : "Guy, les couvreurs viennent d'arriver. On n'a pas eu le temps de traiter la charpente. Que fait-on ?"
Février 2005. Appel téléphonique du trésorier : "Je viens de régler un acompte pour la couverture. La facture va arriver fin de mois. Avec quel argent je paie ? "
Avril 2005. Les coupoles sont en chantier. Appel téléphonique d'Alexandre, un des ouvriers biélorusses : "Je ne trouve pas Léonid, il n'est pas au foyer, vous-a-t-il fait signe ? Ne faudrait-il pas appeler les urgences ?"

Voilà quelques unes des mille péripéties qui ont jalonné la construction de notre chapelle. Et je ne parle pas de l'incendie du chantier, des effractions répétées et des séances au commissariat de police !!

Et grâce à Dieu, nous l'avons vu jour après jour prendre forme, s'aménager, s'embellir et nous y avons célébré une première liturgie le 28 août dernier.

Nous vivons une belle aventure humaine et nous faisons face à un défi que nous n'avions pas bien mesuré. Il faut l'avouer, tout ne s'est pas déroulé dans une angélique sérénité, il y eut des "accrochages", des échanges un peu vifs, des moments de découragement.
Il est dit dans l'Ecriture "Si le Seigneur ne bâtit la maison, en vain travaillent les maçons".
Ce n'est pas seulement une aventure humaine que nous vivons, nous sommes les artisans d'une œuvre divine. Vous connaissez le rite des artisans qui placent un branchage au faîte d'une maison quand la couverture est posée. L'Eglise orthodoxe possède des prières et des bénédictions qui marquent chaque étape de la construction d'une église, depuis la pose de la première pierre, jusqu'à sa dédicace que nous vivrons demain. Et nous avons, avec le père Lambert, suivi tous ces rites et prié chaque dimanche pour remercier et demander que notre projet réussisse.
Plusieurs parmi vous nous ont accompagnés lors de ces prières ou et ont pu voir à la télévision la bénédiction de la coupole avant sa pose sur le toit.
Et toutes les difficultés que j'évoquais au début ont trouvé leur solution, avec l'aide de Dieu, nous y croyons fortement.
Cette réussite, vous en avez été aussi les acteurs.
B. Vergely, philosophe orthodoxe, explique que toute relation humaine est basée sur la demande vers l'autre. A travers ces échanges bien compris (demandes et réponses) s'établissent des relations sereines sans l'écoute et le respect mutuel. La prière en est naturellement le prolongement spirituel.

Vous êtes nombreux ici à avoir reçu nos demandes.
Il y a d'abord, vous, Andrei et Dimitri, nos chers donateurs avec qui, en russe, (merci Svetlana) il a fallu négocier et préparer la venue des ouvriers : visa, voyage, logement,…

Il y a vous Monsieur le Maire. Il nous fallait beaucoup d'audace pour venir vous expliquer qu'une chapelle était déjà là et que nous avions besoin d'un terrain pour la monter, à Nantes même, et près d'une ligne de tram ou de bus.

Je pense aussi à vous Monseigneur Soubrier, que nous avons sollicité sans arrêt et qui nous avez ouvert bien des portes, celles de l'église Saint Marc qui nous a hébergé durant 3 ans, celles du grand séminaire où les 50 m3 du bois de notre chapelle ont encombré le parking plus de deux ans.

Que dire des Services techniques de la mairie qui ont reçu quantité d'appels téléphoniques pour nous conseiller et nous aider sur des problèmes particuliers.
Mgr Gabriel avec Andrei, donateur de la chapelle venu de Moscou pour la consécration.
Je pense aussi à la paroisse Saint Georges qui nous a rendu tant de services de voisinage et qui nous accueille encore ce soir.
Je pense au Foyer de Jeunes Travailleurs qui a aménagé l'hébergement des ouvriers russes.
Je pense aussi aux artisans qui ont travaillé pour nous et qui souvent ont dû répondre à des demandes très particulières.
Et bien sûr, je pense à vous tous qui avez répondu à nos sollicitations répétées pour que notre souscription atteigne les chiffres escomptés.

Et comment ne pas citer tous les fidèles de cette paroisse et nos amis qui se sont mobilisés des dizaines de fois : raboter les rondins, bourrer la laine, peindre, lasurer, poser le plancher, déménager, déplacer les tas de rondins. Et qui savent que demain encore leur contribution sera indispensable.
Nous vous avons demandé beaucoup et avec beaucoup d'insistance. Recevez nos remerciements pour les bonnes réponses que vous nous avez données. Elles ont été les impulsions qui nous aidé à poursuivre.

Voilà. Cette paroisse a bientôt 80 ans. Quelques témoins des années lointaines ont connu ses pérégrinations, ses joies, ses difficultés, son isolement. C'est grâce à leur foi et leur ténacité qu'elle a continué à vivre. Cette chapelle est un peu la récompense de cette persévérance.

Une communauté nouvelle a grandi autour du père Lambert, ouverte à de nouveaux fidèles, accueillant de nouveaux arrivants de toutes juridictions. Elle est heureuse de célébrer ici, chacun y trouvant sa place. A chaque liturgie, le Notre Père, la prière de tous les Chrétiens, est proclamé dans 6, 7 voire 8 langues, universalité et catholicité de l'Eglise.
Merci père Lambert de nous avoir choisi avec votre famille et merci aussi à vous Mgr Gabriel de nous l'avoir envoyé comme recteur.

Et cette communauté est en train de changer d'orbite. Notre chapelle est un "signal" orthodoxe dans la ville de Nantes, signal qui appelle et qui rassemble. J'en veux pour preuve le regroupement qui a eu lieu ici la nuit de Pâques, il y a 10 jours. Cent fidèles dans la chapelle, près de 200 dehors, français, russes, roumains, géorgiens, arméniens, grecs, syriens, un cierge à la main, heureux de se retrouver dans une terre orthodoxe, partageant tous à leur manière la joie de la Résurrection.

En outre, notre maison paroissiale va voir le jour cette année. Ce sera le lieu d'accueil, de partage, de pastorale. Nous voulons aussi que par le biais de l'Association Culturelle Orthodoxe, elle puisse servir pour différences animations et opérations au service des nouveaux arrivants de tous les pays orthodoxes.

Je cite à nouveau Bertrand Vergely. Pour aborder le sens de la prière, il la rattache à notre façon d'être en société et parle du sens de l'invitation et de la joie qu'il peut y avoir à recevoir.
Vous nous faites l'honneur d'être avec nous ce soir, répondant à notre invitation, à venir partager ces moments de joie. Nous y sommes très sensibles et après avoir dit merci à l'église dans nos chants d'action de grâces, c'est à vous que nous adressons nos plus chaleureux remerciements. Nous voyons dans votre présence le signe que tous les soutiens que vous nous avez apportés témoignent de votre volonté, partagée avec la notre, que notre présence à Nantes s'inscrive dans le concret de la pierre,…pardon du bois !!

Continuons maintenant ce partage. Selon la formule rituelle, je vous invite à le faire autour du verre de l'amitié.
Et là encore ce sera un partage total : la municipalité nous offre le cocktail, soyez en remercier. Mais les paroissiens (les paroissiennes surtout) ont tenu aussi à vous faire goûter des spécialités de leurs pays et vous les trouverez au milieu des apéritifs plus classiques.

Bon appétit et bonne soirée."

Guy Lumeau, Marguillier

 

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